N'en déplaise au président provisoire de la république Moncef Marzouki, il n'y a pas plus de laïcité extrémiste que d'islamisme light. La laïcité et la démocratie sont consubstantielles.
Par Seif Ben Kheder*
En réalité, le médecin chômeur – et grassement payé – de Carthage joue bien le rôle du penseur de toute la classe politique en Tunisie. Son approche de la laïcité modérée et sa notion d'Etat civil ne diffèrent en rien de ce que l'opposition défend dans les coulisses et même en public.
La république des confusions préméditées
En effet, le consensus trouvé autour de l'article premier, qui condamne la république à un destin de califat en instance et la démocratie à celui de théocratie en veilleuse, n'a été possible et sensé que par cette thèse extra-terrestre de laïcité modérée, d'islamisme léger ou de chariâ taille fine.
Ce qui insinue par là même que celui qui sort de ces définitions imposées par la nouvelle classe politique serait d'office taxé de l'adjectif extrémiste. Une taxe qui se paie en incarcération, marginalisation ou élimination physique. Le choix entre ces modes incarnerait l'unique aspect démocratique du nouveau régime qu'on nous propose, résultant du fameux consensus.
Il est à noter aussi qu'une autre frange de faux militants pour la laïcité corrobore indirectement cette thèse par son comportement inique et irresponsable en présentant la sécularisation des institutions et du système juridique comme un processus antireligieux en général, voire anti-islamique en particulier. Elle coïncide parfaitement à la vision des intégristes grâce à laquelle, entre autres, ils ont pu s'emparer du pouvoir.
Laïcité et démocratie sont consubstantielles
A tous ces spécimens de la nouvelle république des confusions préméditées, je rappelle votre pédigrée autofécondé que la laïcité n'admet aucun adjectif. Ni extrémiste ni modérée, ni positive ni négative.
Elle est l'incarnation de deux valeurs universelles, mères de toutes les valeurs: la liberté et l'égalité. Elle permet d'instaurer un espace public où règnent l'intérêt commun et le bien de tous dans une parfaite neutralité face aux jugements personnels des questions de l'éthique, des croyances et des spiritualités, qu'elles soient religieuses ou non.
Enfin, elle dépasse même son rôle de séparation de la religion et de l'Etat vers une dissociation de toute idéologie des lois publiques, émancipant l'homme au profit du rationnel.
Son résultat n'est autre que la consolidation de l'exercice du pouvoir par le peuple, promu comme unique référence à toute la classe politique. Laïcité et démocratie sont donc consubstantielles.
Comme on peut le constater donc, l'universel ne peut se réinventer comme le particulier ne sait s'universaliser. Moncef Marzouki est simplement votre porte-parole dont la forme et le style vous mettent la honte.
* Coach en techniques de communication verbale et gestuelle.