Une semaine de campagne et de propagande électorale pour un... flop. Ennahdha dont les derniers meetings ne faisaient plus recette, a fait appel à son aile radicale pour remobiliser son électorat rigoriste.

Par Dr Lotfi Benmosbah*

 La visite de Mohammed Hassen entre dans ce cadre. Ce prédicateur, bien connu des chaines télévisuelles de propagande est, non seulement, plus proche du charlatanisme que des oulémas (voir vidéo Mohammed Hassen). Il a également une position claire sur les évènements de Syrie et, fait très important, il est parmi les plus fervents recruteurs de jihadistes.

L'interconnexion entre les jihadistes et les prédicateurs salafistes

Ainsi, un accueil en grandes pompes avec une mobilisation de moyens sans précédent lui a été réservé tout au long de sa visite. Et effectivement la visite a eu l'effet escompté puisque ce prédicateur a fait le plein là ou il s'est présenté au grand bonheur des députés et membres du Majlis Choura d'Ennahdha Habib Ellouze et Sadok Chourou. Malheureusement pour nos deux «cheikhs», deux évènements vont venir gripper ce mécanisme.

Sadok Chourou, à gauche, et Mohamed Hassen, à droite: Ennahdha déroule le tapis rouge au prédicateur wahhabite appelant au jihad, à l'excision des filles et à interdire la conduite automobile aux femmes.

Le premier, le jour même de l'arrivée de Mohammed Hassen, les événements de Jebel Châmbi sont venus rappeler à nos concitoyens l'interconnexion entre les mouvements jihadiste et salafiste. Les réactions des citoyens aux événements de Châmbi, compte tenu de leur gravité, ont de nouveau montré que les Tunisiens dans leur grande majorité rejettent la violence quel que soit son bord.

Convergence d'intérêts entre le sionisme et le wahhabisme

Le deuxième évènement, tout aussi dramatique, est survenu le jour du départ du prédicateur, à savoir l'attaque sioniste contre la Syrie. Cette attaque, quant à elle, a mis à nu la convergence d'intérêts entre le sionisme et le wahhabisme.

Ainsi la visite de Mohammed Hassen en mobilisant l'électorat salafiste risque de faire perdre à Ennahdha la dernière frange de l'électorat modéré qui lui est demeuré fidèle à ce jour.

Ces affaires internes d'Ennahdha n'auraient sûrement pas retenu mon attention n'eût été leur répercussion inattendue sur la Tunisie. Il ne fait nul doute et il est même plus que certain que le passage du prédicateur à Hammamet, quand bien même spectaculaire et mobilisateur des troupes nahdhaouies et salafistes, va avoir un effet fatal sur le secteur du tourisme, secteur stratégique de l'économie tunisienne et qui, comme le reste, est déjà mal en point.

Le ministre du Tourisme de ce gouvernement nahdhaoui l'a lui-même évoqué au cours d'une réunion avec les acteurs du tourisme en promettant de prendre les dispositions nécessaires pour que cela ne se reproduise plus.

Pensez-vous que ce genre de prédicateur aurait pu faire son show dans une région touristique du Maroc ou même de l'Egypte son pays natal?

Faut-il que les dirigeants d'Ennahdha soient si aveuglés par la conquête électorale et le désir de se maintenir au pouvoir coûte-que-coûte, qu'ils en oublient l'intérêt stratégique de la Tunisie?

* Médecin libéral.