L'affaire de l'avocate ayant provoqué, accidentellement, la mort d'un piéton, mais qui a été laissée en liberté, pose la question de l'application de la détention provisoire et de la liberté laissée au juge à ce sujet.
Par Aram Belhadj
L'affaire qui a marqué ces derniers jours la région du Cap-Bon où une jeune avocate a percuté violemment un piéton est entourée d'un voile de mystère. En effet, bien que la conductrice est clairement responsable de l'accident mortel (dépassement de vitesse fixée à 50km/h, absence d'attention au volant...), et malgré que les dégâts constatés sur le cadavre sont énormes (plaie du cuir chevelu, traumatisme thoracique...), le procureur de la république n'a pas vu d'intérêt particulier à faire appliquer la mesure de détention préventive.
Le juge est souverain
De son côté, juste après l'accident, l'avocate s'est précipitée pour présenter un certificat médical mentionnant qu'elle est en état de choc et qu'elle devrait être hospitalisée pour une courte période.
Après un séjour de convalescence dans une clinique privée, la dame a été interrogée par le juge d'instruction qui n'a pas trouvé lui aussi d'utilité particulière dans l'application de la règle de détention préventive à son égard. Celui-ci, avec une clémence inhabituelle, a plutôt jugé que sa situation familiale, psychologique et physique nécessite une libération provisoire. Depuis lors, l'avocate continuait de vivre normalement !!!
Il n'est pas anodin de préciser que malgré que la famille de la victime ait attiré l'attention du président de la chambre correctionnelle et du procureur général sur l'affaire, ces derniers n'ont pas pu faire quelque chose en argumentant que c'est une question de jurisprudence et que le juge est souverain !!!
Ce cas, devenu fréquent, soulève plusieurs questions: la détention préventive est-elle désormais une mesure sur-mesure? Les avocats sont-ils des citoyens à part? Des décisions de ce genre favorisent-elles les règlements de compte? Où va l'indépendance de la justice dans notre pays?...