habib kazdaghli 3Les enseignants universitaires appellent, dans le communiqué ci-dessous, les dirigeants politiques à ne plus s'immiscer dans les affaires académiques et menacent de boycotter la Journée nationale du savoir organisée par le président de la république.

Les universitaires et les militants de la société civile, réunis en assemblée générale commune à la Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis (FSHST), le 22 mai 2013, à l'invitation du syndicat de base de cette institution et de l'Association tunisienne de défense des valeurs universitaires (ATDVU) pour réagir à l'appel interjeté par le ministère public contre l'acquittement du Doyen Habib Kazdaghli et pour prendre position à la suite des déclarations du président de la république soutenant le droit des étudiantes à passer les examens sans se dévoiler le visage...

1- se déclarent scandalisés par cette nouvelle tentative d'instrumentalisation de la justice par le pouvoir politique et prêts à se mobiliser à nouveau pour continuer à soutenir le Doyen Habib Kazdaghli et les magistrats soucieux de rendre une justice équitable et de défendre l'indépendance de la magistrature;

2- sont choqués par le soutien accordé par le président de la république au port du niqab pendant les examens car cet appui risque de compromettre le bon déroulement des sessions d'examen de mai et de juin 2013 dans de nombreuses institutions et particulièrement à la Faculté des sciences mathématiques, physiques et naturelles de Tunis à un moment où le Doyen, le Conseil scientifique et les enseignants ont réussi, contre vents et marées, à obtenir le respect des règles académiques, en dépit de l'énorme pression que constitue le sit-in organisé par l'Union générale tunisienne des étudiants (UGTE). Le président de la république semble ainsi, en parfaite symbiose avec le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, vouloir confisquer à la profession, au conseil des universités et aux conseils scientifiques élus les prérogatives scientifiques et pédagogiques qui leur sont octroyées par les lois en vigueur;

3 - demandent au pouvoir politique de ne plus s'ingérer dans la gestion académique de l'Université, d'appliquer les lois en vigueur dans le pays et de respecter ses institutions au lieu de tenter d'imposer – dans une violation flagrante de ces dispositions réglementaires – les positions de certaines parties au pouvoir qui veulent asservir, comme dans les régimes théocratiques, les codes vestimentaires et les règles académiques à des croyances religieuses sectaires et s'étonnent, à cet égard, que le ministre de l'Enseignement supérieur n'ait pas appliqué les décisions adoptées le 3 mai 2013 par le conseil des universités, instance ayant une compétence délibérative, confirmant les règles académiques et le code vestimentaire adoptés par la profession et les conseils scientifiques ;

4- proposent d'initier une pétition nationale, en signe de protestation contre ces ingérences et ce refus de faire appliquer les lois en vigueur et, aux universitaires, de boycotter la Journée du savoir organisée à la fin de l'année universitaire par le président de la république;

5- suggèrent à la Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique de se joindre à la coalition civile en cours de constitution pour une défense plus efficiente des libertés universitaires, de l'autonomie institutionnelle et de la liberté de création et de coordonner ses activités, et incitent cette coalition tant attendue, à former une commission pour dialoguer sur le sujet avec les constituants et à organiser un rassemblement devant l'Assemblée nationale constituante (ANC) pour protester contre ces ingérences et pour revendiquer la constitutionnalisation des libertés académiques, de l'autonomie institutionnelle, de la neutralité des établissements d'enseignement supérieur et de leur soustraction aux tiraillements politiques, idéologiques ou religieux, conformément aux normes et recommandations internationales en vigueur sur la question des libertés universitaires et de la neutralité de l'université;

6 - décident de constituer une commission chargée de créer une base de données pour mieux coordonner l'action des différentes institutions d'enseignement supérieur et pour une meilleure communication des informations.

Pour le syndicat de base de la FSHST, l'ATDVU et l'assemblée, respectivement,

Hayet Amamou, Rabaa Abdelkéfi Ben Achour et Habib Mellakh