faculte medecine sousse 6 25Lettre ouverte à messieurs le président provisoire de la république et chef du gouvernement provisoire à propos des examens cliniques au sein de la faculté de médecine de Sousse.

Par Dr Linda Ben Nasr et Dr Mayssoun Ben Nasr*

 

Messieurs,

Je me permets de m'adresser à vous par cette lettre afin de demander votre aide et votre soutien suite à la grande injustice que ma sœur et moi subissons depuis 2008 au sein de la faculté de médecine de Sousse.

Permettrez-nous de nous présenter. Nous sommes Linda et Mayssoun Ben Nasr. Nous avons fait toutes nos études de médecine en Ukraine à partir de l'année universitaire 2001. Nous avons fait partie de l'université de Zaporojie (Université d'Etat de médecine de Zaporojie).

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Diplôme de médecine ukrainien de Linde Ben Nasr.

Notre séjour en Ukraine s'est déroulé sans aucun problème ni turbulence. Nous n'avons redoublé aucune année et nous n'avons eu aucune difficulté d'intégration dans la vie estudiantine et dans la vraie vie en Ukraine.

Nous avons réussi haut la main à tous nos examens et nous étions très appréciées par nos professeurs et maitres à l'université de Zaporojie.

Depuis novembre 2008, nous avons entamé deux années d'équivalence de notre diplôme ukrainien à la faculté de médecine de Sousse. Selon la loi tunisienne, nous avons le devoir de faire 4 semestres de stages dans chacune des spécialités suivantes: médecine interne, gynécologie, chirurgie générale et pédiatrie. Nous avons passé cette épreuve avec succès et nous avons obtenu les validations des 4 stages. Durant toute cette période nous n'avons eu aucune difficulté d'intégration. Et les témoignages de nos professeurs et collègues sont nombreux.

A la faculté de médecine de Sousse nous sommes dans l'obligation de passer en plus 4 examens cliniques. Un dans chaque spécialité. Nous avons réussi sans difficulté à trois de ces examens à savoir: la gynécologie, la chirurgie et la médecine interne.

Le dernier examen clinique nous pose un problème majeur. Permettez-nous de vous expliquer la situation.

Nous avons fait notre stage de 6 mois au service de pédiatrie Sahloul de Sousse et nous avons obtenu la validation de ce stage par son chef de service le Professeur Harbi. Sauf que l'examen clinique de pédiatrie est dirigé par Dr Hassan Sebouii, chef de service de Néonatologie à l'hôpital Farhat Hached de Sousse. Du fait que nous n'avons pas fait de stage dans son service, il refuse de nous valider l'examen clinique de pédiatrie et ce malgré une préparation adéquate à chaque fois (3 sessions par ans). Nous avons essayé de lui parler au bout de notre 4e échec mais sans succès. Depuis, il s'obstine à nous recaler à chaque fois. Il n'a pas hésité à nous dire que «ça ne le dérange absolument pas si nous le repassions 11 ans de suite». Pendant les épreuves de l'examen, il nous intimide; et il nous a même interdit de passer l'examen une fois sans aucune raison. Monsieur Hassan Sebouii nous fait du chantage et du harcèlement et il ne semble pas vouloir s'arrêter.

Nous avons déjà porté plainte au doyen Ali Mtiraoui ainsi qu'au secrétaire général de la faculté en 2011, mais étant donné que Monsieur Hassan Sebouii entretient une relation plus qu'amicale avec le doyen, notre requête a été jetée au fond d'un tiroir. Nous avons même exposé notre problème au rectorat de Sousse, mais à chaque fois la réponse était négative.

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Diplôme de médecine ukrainien de Meysoune Ben Nasr.

Messieurs,

A ce jour nous avons passé l'examen clinique de pédiatrie 10 et 11 fois de suite sans succès. Et ce n'est pas faute de moyens ou de bonne révision. Messieurs, nous sommes prises en otage par Monsieur Hassan Sebouii qui veut asseoir sa suprématie en détruisant notre jeune avenir. C'est une véritable chasse à l'Homme que nous subissons depuis quelques années.

A la dernière session du 27 mars 2013 nous étions bien préparées à l'examen encore une fois. Le résultat a été affiché le 20 mai 2013. Nous avons été recalées encore une fois, mais cette fois-ci, à notre grande surprise et désespoir, nos notes ainsi que le procès verbal du résultat ont été falsifiés. Nous avons réussi à avoir une photo de ce PV. Nous-nous sommes présentés à l'administration de la faculté pour comprendre ce qui se passe. Et nous avons déposé une demande de consultation de copies au bureau d'ordre. Cette requête nous a été refusée à deux éprises. Nous avons alors saisi les médias et la presse et nous avons exposé notre problème sur le net et sur les réseaux sociaux (Facebook en l'occurrence). Nous avons porté plainte pour falsification de PV au rectorat mais toujours sans succès.

Devant la gravité de la situation, l'ampleur médiatique et les messages de soutien que nous avons eu, le conseil scientifique de la faculté s'est réuni après avoir refusé notre requête pour consulter nos copies et a diffusé un communiqué officiel qui porte préjudice à notre formation au sein de l'université d'Ukraine. Un communiqué mensonger qui s'attaque ouvertement à la qualité des études en Ukraine et qui rabaisse les diplômés des universités ukrainiennes au rang de «diplômés de l'Europe de l'Est».

Messieurs,

Le communiqué du conseil scientifique nous porte un préjudice moral important. Il met en doute notre qualité de médecins.

Ce communiqué mensonger est une attaque ouverte à notre diplôme ukrainien et par conséquent il remet en doute notre formation à l'université de Zaporojie.

Pire encore, la falsification des notes et les exactions que nous avons subies sont mises de côté et nous sommes accusées de diffamation. Nous sommes même sur le point d'être passées devant le conseil de discipline de la faculté en vue de nous sanctionner d'expulsion définitive de toutes les facultés de médecine tunisiennes. Et tout ceci parce que nous avons voulu défendre nos droits et parce que nous avons mis toute la lumière sur cette injustice.

Messieurs,

Nous avons trouvé toutes les portes closes et nous sommes vraiment au bout du gouffre. Nous subissons ce stress permanent et nous avons sombré dans le doute.

Cette injustice dure depuis 2008 et nous nous adressons à vous pour essayer de sortir de ce guet-apens.

Nous-nous sommes déjà adressées aux deux départements de tutelles : ministère de la Santé et ministère de l'Enseignement supérieur. Mais, à ce jour, notre requête reste sans réponse.

Dans l'espoir de d'avoir votre soutien, veuillez recevoir Messieurs nos salutations les plus distinguées.

* Citoyennes tunisiennes, diplômées de l'université de Zaporojie, Ukraine.