Lettre ouverte envoyée par le secrétariat exécutif de la Coordination des assises de l'immigration tunisienne (Cait) aux membres de l'Assemblée nationale constituante, qui ont entamé la discussion des 146 articles du projet de constitution.
L'adoption d'une nouvelle constitution marquera une étape importante dans la transition démocratique voulue par la révolution tunisienne. C'est pourquoi, les forces démocratiques attendent ce moment avec beaucoup d'attention et de vigilance. Elles veulent une constitution qui garantisse le respect des droits universels de l'homme, l'égalité entre les citoyens et celle entre les régions, la démocratie, les libertés, la séparation effective des pouvoirs, les droits sociaux économiques et le respect de l'environnement.
Les associations démocratiques de l'émigration qui ont lutté durant des décennies pour le respect des libertés et des droits de l'homme contre le pouvoir dictatorial de l'ancien despote, tout en approuvant les avancées du dernier projet, s'associent aux demandes du mouvement démocratique pour retirer définitivement toutes les entraves encore présentes dans le projet et particulièrement l'article 141, qui remet en cause le caractère non religieux de l'État. Les associations démocratiques de l'émigration ne veulent pas d'un État religieux, ils veulent une constitution pour toutes et tous les Tunisiens.
Cependant, les associations sont stupéfaites de l'absence totale de toute référence aux droits des émigrés et des Tunisiens de l'étranger dont le nombre dépasse 1,2 million d'âmes, soit plus de 10% de la population tunisienne.
Manifestement, les immigrés ne sont toujours pas considérés comme des citoyens à part entière et cela n'est pas tolérable.
Aussi, à l'occasion de la discussion en séance plénière du projet de constitution, les associations démocratiques de l'émigration demandent à mesdames et messieurs les députés de la constituante de faire figurer dans la constitution des dispositions garantissant les droits, politiques, économiques, sociaux et cultuels et de représentativité dans des instances consultatives des immigrés et des résidents à l'étranger.
Nous demandons de :
- graver définitivement dans notre nouvelle constitution l'appartenance des Tunisiens, où qu'ils vivent, au peuple tunisien dont ils sont une partie intégrante;
- stipuler dans la constitution le droit de vote et d'éligibilité des Tunisiennes et Tunisiens sans aucune contrainte ou exclusive aux élections présidentielles, parlementaires et autres et ce, quel que soit leur lieu de résidence, de naissance, leur religion, qu'ils portent ou non la nationalité de leur pays de résidence ;
- inclure le droit des émigrés et des résidents à l'étranger ainsi que leurs associations d'être représentés dans une haute instance consultative.
Les associations signataires de la présente déclaration se déclarent disponibles à expliciter ces demandes auprès des députés.
Les émigrés tunisiens ont toujours exprimé leur attachement à une Tunisie démocratique et citoyenne. Ils se sont battus pour leurs droits et pour les libertés et la démocratie, et beaucoup de députés constituants le savent. Ils exigent le respect et l'égalité de traitement.