En France, la tête de l'Etat s'ébranle après un accident ferroviaire faisant 6 morts. En Tunisie, le naufrage de 135 citoyens candidats à l'émigration clandestine indiffère les membres du gouvernement.

Par Moez Ben Salem

Le vendredi 12 juillet, une terrible catastrophe ferroviaire s'est produite au sud de Paris, provoquant le décès de 6 personnes et des blessures de gravités diverses chez une trentaine d'autres.

Aussitôt la terrible nouvelle connue, le président français François Hollande a interrompu toutes activités pour se rendre d'urgence sur les lieux de l'accident, tenant à faire part de sa solidarité aux familles touchées par la catastrophe et annonçant que 3 enquêtes allaient être diligentées pour faire toute la lumière sur les causes de la tragédie.

François Hollande sur les lieux de l'accident quelques heures après... 

Cet accident grave me fait remémorer une terrible tragédie survenue la nuit du 6 au 7 septembre 2012, lorsqu'une embarcation ayant à son bord 135 citoyens tunisiens candidats à l'immigration clandestine a chaviré au large des côtes de Lampedusa.

Alertées, les autorités italiennes ont fait appel aux avions de l'Otan qui ont survolé la région et ont permis de sauver 55 personnes de la mort. 80 autres personnes n'ont pas eu cette chance et ont péri noyées.

A cette période, les autorités tunisiennes avaient observé un étrange mutisme autour de la tragédie. Pire, plusieurs membres du gouvernement provisoire de l'époque avaient assisté à une méga-cérémonie de mariage, unissant 20 couples de condition modeste, organisée par le mouvement Ennahdha, avec la présence de la chaîne qatarie Al Jazira qui avait transmis en direct ladite cérémonie.

Il a fallu attendre plus de 3 jours, soit plus précisément le lundi 10 septembre, pour que nos responsables daignent enfin se pencher sur le sort funeste de nos compatriotes, morts en tentant de fuir la misère.

C'est ainsi que le ministre des Affaires étrangères de l'époque nous a gratifié de sa fameuse phrase: «Nous avons repêché 2 cadavres qui étaient malheureusement en état de mort», que l'ancien Premier ministre a présenté ses condoléances aux familles des victimes et que le président a programmé une croisière pour aller jeter des fleurs en pleine mer dans l'endroit présumé du naufrage.

Décidément, même devant la mort, l'égalité des humains n'est pas pour demain!