L'auteur, journaliste tunisien basé à Bruxelles, réagit à l'intervention d'Alexandra Leila Hovelacque*, une Tuniso-Française élue parmi les 9 membres de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE).
Par Fathi B'Chir
Je trouve cette séquence émouvante et je rage contre ceux qui pensent écarter de la scène les binationaux. Les pays intelligents savent utiliser cette «diaspora» généralement riche en diplômes, en capacités de réseautage et surtout, précisément, à cause de la mixité et de la diversité de leurs expériences de vie.
Il y a en Europe, en Afrique, aux Amériques... des Tunisiens d'origine de grande qualité mais dont on gâche souvent l'intérêt en ne les impliquant seulement que dans la machine à produire de «l'autoglorification nationale». Ils ont un énorme avantage: ils ne sont pas victimes du nombrilisme national et donnent à la Tunisie des raisons d'être fière des descendants de ses descendants.
Je peux en citer une centaine, femmes et hommes qui occupent des fonctions (je parle de scientifiques, techniciens et intellectuels, pas ou pas seulement d'«épiciers» avec des grosses voitures et ce qui éblouit généralement le Tunisien d'aujourd'hui fasciné par le factice et le socialement brillant) et dont je pense que «j'ai l'honneur d'être Tunisien» quand je les vois à l'œuvre.
Au fond, quelle sont la force et la richesse que tire la Tunisie de son histoire et sa géographie: la diversité et la mixité de sa population et chacun a amené avec lui des apports bénéfiques en termes de savoir, de techniques, de musique, de cuisine, etc. La Liste est longue.
Berbères, Arabes de la péninsule, Maltais, Siciliens, Bédouins de tribus saharo-africaines, tribus des Monts de l'Atlas, Turcs et des Balkans... La nouvelle Tunisie se priverait-elle de cet héritage? Dans la bêtise ambiante, rien n'est impossible!
* Dans son intervention, Alexandra Leila Hovelacque, née d'une mère tunisienne et d'un père français, a raconté son parcours humain et professionnel, et surtout, son attachement à son autre pays, la Tunisie, à sa langue, à sa culture et à son histoire. Dans un arabe presque parfait, elle a aussi passé en revue son expérience des élections, problématique complexe qu'elle a découverte en travaillant pour les Nations Unies, notamment en République démocratique du Congo et au Sahara Occidental.
Illustration: capture d'écran.