leila ben debba 7 17La vague d'attentats ne va pas s'arrêter aussitôt pour la simple raison qu'il y a une faction des islamistes jihadistes qui se montrent faussement patelins et prônent la violence allant jusqu'au meurtre.

Par Mohamed Rebai*

 

Nous sommes autorisés à penser très sérieusement que la prochaine victime serait une femme de l'opposition ou de la société civile.

La journée nationale de la femme est toute proche, le 13 août. Cela correspond à l'anniversaire de la promulgation du Code de statut personnel, d'autant plus que les locataires de Carthage, du Bardo et de la Kasbah conviennent sur le terme «complémentarité entre la femme et l'homme» et non «égalité» (article 28 du projet de constitution).

Les femmes en point de mire

En effet, à l'aube de l'indépendance (13.08.1956) un Code du statut personnel (CPS) est promulgué par Bourguiba (président de 1956 à 1987) et qui donne aux femmes des droits inédits dans le monde arabo-musulman en supprimant la polygamie et la répudiation, en instituant le divorce par consentement mutuel et en autorisant l'adoption. Celles-ci peuvent aussi, selon la loi, travailler, se déplacer à l'étranger, posséder et diriger une entreprise, sans avoir à solliciter l'autorisation du père ou du mari, dans une société où la sortie illégitime présenterait des risques de perversion. Autrefois la femme ne sortait que deux fois dans sa vie au hammam ou au cimetière. Il était interdit de se dévoiler, de parler à un étranger et même pour aller au ciné il fallait être accompagnée d'un petit frère. C'était vraiment la basse-cour.

L'objectif est bien entendu d'annihiler complètement les acquis démocratiques de la femme et la réduire au silence.

La liste est longue et le choix est très varié allant de Maya Jeribi, SG du Parti républicain (Al Joumhouri), la militante et journaliste Naziha Rejiba, connue sous le nom d'Om Zied, Basma Khalfaoui, veuve de Chokri Belaid (avocate et militante), Bochra Belhaj Hmida, avocate, féministe et ex-présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates (AFTD).

Se tenir à l'ombre et se protéger

Curieusement, ces quatre femmes se taisent pour le moment et n'ont plus la langue verbeuse d'antan. Ont-t-elles reçues des menaces? C'est très probable. De toutes les manières, elles gagneraient à se tenir à l'ombre et à se protéger en attendant des jours meilleurs.

Il ne faut pas oublier également Leila Ben Debba (avocate et militante) et la femme de Mohamed Brahmi, qui monte au créneau et incrimine ouvertement Ennahdha.

Devant un tel aréopage de militantes on ne peut que s'inquiéter.

Si ce n'est pas une femme ça sera un militant notoire de Nida Tounes qui reste l'ennemi juré du parti radical Ennahdha ou bien un journaliste à la langue vive qui dérange et peut-être un intellectuel ou un homme de culture dont l'espace de liberté et de création se rétrécit depuis deux ans. Il arrive aussi que l'argent pue la mort.

Dans ces moments nauséabonds, on ne s'accommode plus et on ne hausse plus les épaules puisque se multiplient les affaires d'intimidation et de liquidation des opposants.

Normalement, dans tout pays civilisé, la myriade politique devrait rester telle qu'elle est et il appartient aux citoyens de choisir librement leurs élus sans larbins qui nettoient les latrines. L'expression est oxymore. Les saloperies colportées étant d'un haut niveau.

Je souhaite que mes propos relèvent de la simple fiction mais on ne sait jamais.

Une femme avertie en vaut deux!

* Economiste.

Illustration: l'avocate et militante du Front populaire Leïla Ben Debba, manifestant vendredi 26 juillet à l'Avenue Habib Bourguiba, au lendemain de l'assassinat du député de l'opposition Mohamed Brahmi.