L'ancien Premier ministre de Bourguiba, nous a fait parvenir le billet suivant, à l'occasion de la commémoration du 71e anniversaire du décès de son père, militant nationaliste Tahar Sfar.
Par Rachid Sfar*
Mahdia, ce 9 août 2013, coïncidant avec deuxième jour de l'Aid El-Fitr, de nombreux Mahdois se sont recueillis sur la tombe du leader du Néo-Destour Tahar Sfar pour commémorer son décès, intervenu, le même jour, de l'année 1942, alors qu'il était âgé de 39 ans.
Parmi les présents, on pouvait remarquer notamment la présence de l'ancien ministre de l'Intérieur de Bourguiba, Tahar Belkhodja, le président de la coordination de la municipalité de Mahdia, le professeur Habib Hamza, président de l'association de la Mémoire collective de la ville de Mahdia, ainsi que de nombreux cadres originaires de la capitale des Fatimides, avec, bien entendu, les membres de la famille du défunt.
Rachid Sfar, Premier ministre, reçu par le président Habib Bourguiba (1986).
Après la récitation de la Fatiha et un rappel de l'itinéraire du défunt, le petit-fils du leader Tahar Sfar, le professeur agrégé en pédiatrie Tahar Sfar, a donné lecture du message suivant légué par le défunt et extrait de ses mémoires écrites en janvier 1935, pendant son exil à Zarzis, avant son internement au camp de Bordj-Elboeuf, aujourd'hui dénommé Bordj-Bourguiba.
Tahar Sfar nous disait de son exil notamment ceci: «Les Tunisiens doivent toujours, à certaines périodes, oubliant leurs querelles intestines et leurs rancunes, faire un effort de réconciliation et se tendre la main (...). En Tunisie, plus que partout ailleurs, le front commun est nécessaire, essentiel. Que les nécessités de l'action nous obligent à nous segmenter, à nous diviser en partis, à nous répartir en associations, en organismes divers, à nous spécialiser et par conséquent à nous tourner dans une certaine mesure le dos, c'est nécessaire, c'est utile. La critique est bienfaisante mais elle ne doit pas être venimeuse; l'émulation est salutaire mais elle ne doit pas conduire à la haine. Nul d'entre nous ne doit être exclusif, ni se considérer qu'il peut se passer des autres. Nous devons – divisés en surface seulement – être au fond unis et solidaires. Et puis quelle tristesse que de ''dauber'' tout le temps sur ses compatriotes, accusant ceux-ci, critiquant ceux-là; un vrai patriote doit aimer tous ceux de sa race, même ceux qui ne lui plaisent pas ou qui n'ont pas ses idées».
Habib Bourguiba se recueillant sur la tombe de Tahar Sfar, le 27 août 1950.
Dans l'espoir que ce message d'outre tombe plein de sagesse soit entendu par ces temps difficiles où notre pays se trouve à la croisée des chemins...
*Ancien Premier ministre de Bourguiba.