aeroport tunisie carthage 8 26

L’auteur raconte sa mésaventure avec une femme policière en civil à l’aéroport de Tunis-Carthage qui exigeait son autorisation dument signée pour laisser partir en France ses deux filles majeures âgées de 20 et 22 ans.

Par Mounir Khaled Jeddi

 

Ce matin, à l'aéroport à Tunis-Carthage, la femme policière en civil et non voilée qui tenait un comptoir des contrôle m'a demandé de signer la fiche de renseignement habituelle, cette signature apposée à côté de mon numéro de carte d'identité valant autorisation de sortie du territoire pour ma fille de 9 ans.

Jusque là, rien que de plus normal; je n'avais pas pris le temps de faire rédiger cette autorisation de sortie et de faire légaliser ma signature à la mairie. Par contre, là où je suis resté sur le cul, c'est quand elle m'a demandé de faire la même chose pour ses deux soeurs de 20 et 22 ans!!

J'ai refusé et appris que des instructions récentes («ta3limaite») rendaient obligatoire l'autorisation de sortie du territoire pour toute femmes de moins de 35 ans voyageant seule. Si elle est mariée, il faut la signature de son mari; si elle ne l'est pas, il faut la signature de son père ou tuteur.

J'ai protesté vivement contre cette mesure, vivement mais calmement (il faut toujours garder son calme avec les flics).

Mes filles et moi même avions passé plus de deux heures dans ce foutu aéroport après avoir passé une demi-heure dehors pour ces fameux contrôles à la porte d'entrée où c'est la foire d'empoigne pour rentrer. La queue pour l'enregistrement fut elle aussi fatigante, et mes grandes ont vu le moment où elles ne partiraient pas alors qu'il suffisait d'une signature pour qu'elle puissent enfin partir.

Devant mon obstination, la policière ne voulait pas non plus reculer. Elle trouva elle même une solution technique en me demandant si mes filles avaient la double nationalité. Je répondis que oui et elle me dit alors que ma signature n'était plus nécessaire.

Ouf, mes filles majeures, redevenues françaises le temps de montrer les passeports – qu'elles auraient montrés de toute façon puisqu'elles n'avaient pas de visa sur leur passeport tunisien –, n'avaient plus besoin de mon autorisation...

Donc mes filles sont bien parties et bien arrivées à Nantes.

Ceci étant, j'ai demandé des explications aux policiers qui étaient à la porte d'embarquement et j'ai eu droit à deux versions.

La 1ère est que la circulaire (ou instruction) ferait suite à l'affaire de prostitution de jeunes tunisiennes en Turquie et au Liban; la deuxième est que ce serait pour surveiller les jeunes filles partant uniquement pour la Syrie (y a-t-il encore des vols Tunis-Damas d'ailleurs?).

De plus, cette circulaire (ou instruction) ne concernerait pas toutes les destinations et certainement pas la France; et comme me l'a expliqué gentiment l'officier de police, la fonctionnaire avait fait une simple «faute technique» et qu'il ne fallait pas lui en tenir rigueur...

Dans un cas comme dans l'autre, si cette circulaire (ou instruction) existe vraiment (j'ai demandé une copie, on me l'a refusée), elle aurait comme fondement idéologique la minorité des femmes. Il faudra m'expliquer comment la demande d'une simple autorisation de sortie avec signature légalisée à la mairie puisse empêcher une filière mafieuse de faire passer qui que ce soit d'un pays à l'autre.

Je pense qu'il s'agit pour les autorités de tester en grandeur réelle la résistance des citoyens. Par ailleurs, si nul n'est sensé ignorer la loi, comment se fait-il qu'une circulaire de cette nature n'ait pas fait l'objet d'une campagne d'information des citoyens?

Sinon, juste en passant, la qualité et la nature des contrôles par scanner et portiques mis en place dans les différentes entrées de l'aéroport de Tunis-Carthage doivent faire sourire tous les terroristes islamistes ou pas d'ailleurs.

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