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Les Tunisiens sont totalement déroutés. Un, on diabolise l'équipe au pouvoir. Deux, on palabre avec elle dans les salons feutrés. Trois, on invite le peuple à une «fiesta» au Bardo, et on appelle ça «faire pression sur le pouvoir».

Par Jomaa Assaad

 L'heure des bilans se présente souvent sous forme de quart d'heure difficile à passer. Et ce n'est pas sans quelque raison que l'addition a été associée dans l'imagerie populaire à la «douloureuse».

Un premier bilan du «meeting» du samedi 24 août au Bardo*, non pas pour s'attaquer aux personnes, elles ont si peu d'importance au regard de ces moments tragiques par lesquels passe notre beau pays, ni pour faire oeuvre politicienne, elle serait ridicule en ces moment de chaos. L'unique ambition que l'on pourrait avoir, c'est de sauver ce qui pourrait l'être encore.

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Le peuple convié à une fiesta au Bardo.

Les signes d'une déconfiture politique

Des alliances politiciennes contre-nature fondées sur le culte de la personnalité, un tâtonnement stratégique, des négociateurs – n'étant pas dans leur rôle naturel – incompétents, une communication déficiente à force de redondance et absence de toute caution morale étrangère.

De l'amateurisme, sûrement, mais surtout une mauvaise volonté évidente, à force de petits calculs de boutiquier. Symptomatique de l'amateurisme, le spectacle pathétique de ces deux jeunes loups, appartenant à la même coalition politique, se chamaillant pour palabrer dans cette «kermesse».

Non moins évidente mauvaise volonté, celle de ce bourguibiste d'apparat – et d'accessoires – qui, ne se sentant pas à son aise aux côtés de syndicalistes et autres «gauchisants», est en passe, à force de bourdes, de torpiller l'élan populaire.

Résultat des courses: l'intelligentsia contestatrice s'est progressivement démise de ses revendications initiales. Plus question de dissoudre cette calamité d'Assemblée nationale constituante (ANC); plus question de chasser les Nahdhaouis du pouvoir; plus question d'ouverture des dossiers brûlants de l'ancienne bande criminelle au pouvoir...

L'unique mesure politique concrète, la suspension des travaux de l'ANC, a été, souverainement, prise par l'un des adversaires politiques (Mustapha Ben Jaâfar, président de l'ANC et d'Ettakatol, allié d'Ennahdha à la troïka au pouvoir, NDLR).

Le peuple est totalement dérouté. Un, on diabolise l'équipe au pouvoir. Deux, on palabre avec elle dans les salons feutrés. Trois, on invite le peuple à une «fiesta» au Bardo, et on appelle ça «faire pression sur le pouvoir», incarné par le parti islamiste Ennahdha et ses alliés de la troïka (Ettakatol et Congrès pour la République).

Unique acte «révolutionnaire» annoncé : déplacer ce pitoyable show du Bardo à la Kasbah. La belle affaire!

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Va-t-on vraiment déplacer ce pitoyable show du Bardo à la Kasbah.

Trois appels pour conclure

Messieurs les stratèges, de grâce ne faites plus appel, dans ces conditions, au peuple, vous risqueriez de vous retrouver avec vos parents et proches amis à la Kasbah.

Syndicalistes, retrouvez votre véritable rôle, nous ne côtisons pas à l'UGTT pour que vous vous pavaniez en «Messieurs bons offices».

Femmes et hommes de gauche, l'Histoire n'a pas retenu un seul acte révolutionnaire en provenance des hauteurs de Carthage. Retournez-vous vers la Tunisie profonde, le chemin sera moins aisé, mais plus sûr.

 

Note:

* Marche et meeting organisés par le Front de salut national (FSN) regroupant les partis de l'opposition et les principales organisations nationales pour appeler à la dissolution de l'Assemblée et du gouvernement provisoire et à la mise en place d'un gouvernement de salut national, constitué de personnalités compétentes et indépendantes. Il s'agit aussi de marquer le démarrage de Ousboü Errahil (Semaine du Départ) devant s'étaler jusqu'au 31 août et s'achever par la dissolution du gouvernement Larayedh.