Chez les Nahdhaouis, l'Emir a en partage avec Dieu le fait que ses voies sont insondables. Comment expliquer alors le fait que certains seconds couteaux s'enhardissent à épiloguer sur la Parole du «Guide»?!
Par Jomâa Assâad*
Notre pays connaît ces jours-ci quelques mini-tornades, à sa mesure certes. A première vue, une, entre toutes, sera lourde de conséquences pour les Tunisiens, toutes obédiences confondues. Celle subie par les actuels maîtres des céans.
A en croire les déclarations contradictoires de leurs ténors, un vent de folie furieuse est en passe de soulever les fondements de la forteresse Ennahdha. Chez nos «Frères», personne n'est épargné par ce mouvement de panique, même pas le vénérable Cheikh. Et le peuple tunisien découvre, ébahi, que le Verbe du sacro-saint Emir (tel est son véritable titre) pourrait être sujet à controverses.
Or, nul n'est sensé ignorer, pour peu que l'on soit au fait des doctrines communes aux intégristes, que l'Emir a en partage avec Dieu le fait que ses voies sont insondables, et, partant, indiscutables. Comment expliquer alors le fait que certains seconds couteaux s'enhardissent à épiloguer sur la Parole du «Guide»?!
Là encore, il faudrait se référer à la Doctrine Intégriste. Pour celle-ci, les hommes ne peuvent aspirer qu'à la fonction de fusibles, sautant les un après les autres, dans l'unique perspective de faire régner la Parole de Dieu, qui, Allah faisant bien les choses, transite par la Sainte bouche de l'Emir du moment, en l'occurrence notre bien-aimé Cheikh. Que ses fusibles, se nomment, accessoirement, Jebali, Larayedh... peu importe, l'essentiel c'est que leur «grillage» politique serve la Grande Cause. Et encore, doive-ils s'estimer heureux que le jihad accommodé à la sauce tunisienne version 2013 n'est que politicien. Eut-il été armé, c'est de leur vie qu'ils auraient payé le Salut de l'Emir, et accessoirement le leur et le nôtre.
Tels sont les préceptes de ces Tunisiens qui nous viennent d'ailleurs, et l'on risque, à s'y méprendre, de rester les bras ballants, tel ce fin politicien, d'un autre âge, désemparé, à force de convictions bourguibiennes, face à cette Piovra, malencontreusement nommée islamiste.
Moralité de l'histoire: nos jeunes – et moins jeunes loups –, gagneraient à mieux s'informer des référents doctrinaux de ces sectaires qu'ils ont accepté de prendre pour compagnons de jeux, mais dont les règles sont hors d'époque et lieu.
* Universitaire.