Ennahdha remplace Rached Ghannouchi par Rached Kherriji, un nouvel homme plus en phase avec les exigences sociales et économiques actuelles du pays et capable de remettre sur les rails le parti, qui n'arrive pas à sortir du marasme et de l'isolement dans lesquels il s'est installé.
Par Tarak Arfaoui
Ghannouchi, l'ex-homme fort du mouvement islamiste tunisien, a toujours essayé d'être fidèle aux principes de la nébuleuse internationale des Frères musulmans dont il est l'un des cadors attitrés. Radical, intransigeant, gourou à ses heures de gloire, il a bâti sa réputation et façonné la ligne politique d'Ennahdha sur des dogmes invariables, à savoir islamisation forcée de la société civile, instauration de la charia, arabisation tous azimuts, haine viscérale des modernistes et surtout de Bourguiba et de toutes ses émanations, en particulier les Destouriens et à leur tête Béji Caid Essebsi, protection des courants islamistes radicaux, connivence avec des hommes de main violents...
L'inexpérience, l'usure du pouvoir aidant, les déboires s'accumulant et l'extrême résistance de la société civile a finalement convaincu Ennahdha de changer de ligne de conduite et de nous faire sortir de sa boite noire un nouvel homme capable de redorer le blason de son mouvement.
Rached Kherriji est apparu aux antipodes de son prédécesseur tenant un langage de parfait démocrate, loin de tout extrémisme, respectant ses adversaires, reconnaissant l'oeuvre de ses prédécesseurs, ouvert au dialogue, très réaliste et effaçant d'un revers de la main toutes les lignes rouges précédemment tracées par son mouvement, à la stupéfaction de ses militants, afin d'arriver à un consensus avec ses adversaires politiques. Les observateurs étaient ébahis par la consistance de son discours et la logique de ses propos.
Avec ces qualités, M. Kherriji semble bien parti pour limiter les dégât engendrés par son prédécesseur, remettre son parti sur de nouveaux rails malgré les réticences de certains faucons de son parti transformés en la circonstance en de misérables moineaux pour ne pas dire des oiseaux de mauvaise augure dont la myopie politique n'a d'égal que leur esprit de revanche et leur égocentrisme.