ansar charia 9 2

Le terrorisme ne se définit pas par de simples actes de violence, mais par sa négation de l’exigence politique élémentaire du «vivre ensemble». En cela tout intégrisme, armée ou pas, est une forme de terrorisme.

Par Jomâa Assâad*

 

Nous avons beau essayer de lutter, chacun à sa manière, contre ce coup de cafard généralisé qui se saisit lentement, mais sûrement de notre affect, rien n'y fait. Les nouvelles qui nous tombent dessus, tels des marteaux piqueurs, finissent par avoir raison des plus «zen» d'entre nous. Aussi, n'aurais-je pas, en toute logique, besoin d'en rajouter en ce début de semaine automnale.

Mille excuses, amis lecteurs, à me taire, je risquerai l'apoplexie. Tout au plus, parviendrais-je à m'astreindre aux plus élémentaires règles de bienséance. Garder la tête suffisamment froide pour être capable d'analyse, telle est ma présente, et unique, ambition. Et, croyez-moi, la tâche n'est pas aisée.

De mémoire d'homme, je n'ai pas souvenir de pareil... foutoir politique, pour rester poli. Comment expliquer à mon prochain qu'un Etat, si j'ose dire, s'acharne méthodiquement à se saborder en discréditant ses instances sensées être les plus prestigieuses?! Comment inviter mes lecteurs à lire entre les lignes alors que les discours et pratiques de la meute «dévote», supposée être en charge de l'Etat, s'est «pieusement» absoute de toutes lignes rouges... de flottaison... ou, tout simplement, de conduite?! Ont-ils, seulement, de par leurs référents, le moindre sens de l'Etat tunisien? Une prise de guerre, tout au plus!

Acte I: L'on annonce, en grande pompe, un sursaut de l'Etat qui, n'étant plus à même d'identifier ses appuis, tant nationaux qu'internationaux, pointe du doigt ses ennemis. L'anathème de terrorisme est, ainsi, jeté sur les Ansar Al-Chariâ.

Acte II: Ne pouvant, pour des raisons que nous qualifierons pudiquement d'affectives, assumer la responsabilité idéologique des causes politiques de cette «ex-communion», les dignes représentants de l'Etat, la réduisirent à l'aspect crapuleux et le dossier fut, maladroitement, exposé aux Tunisiens sous la rubrique de faits divers perpétrés par une bande organisée.

Acte III: De ce flou, nullement artistique, jaillit une polémique juridico-éthique qui finit par mettre encore plus à mal un département «de souveraineté» ne sachant plus à quel saint se vouer. Excellences, frileuses en l'occurrence, le terrorisme ne se définit pas tant par les moyens qu'il met en oeuvre afin d'atteindre ses objectifs, il serait réductible à de simples actes de violence, mais surtout par sa négation d'une exigence politique élémentaire, celle du «vivre ensemble».

C'est en cela que tout intégrisme, doté de branche armée ou pas, est une forme, matérielle et/ou morale, de terrorisme.

Messieurs les BCBG de la politique, actuels négociateurs de notre devenir, un dernier mot, celui d'un rebelle, qui était loin de l'être avant cette déferlante du 23 octobre 2011, à l'adresse de vos interlocuteurs: «Leur sainteté ne veulent vivre qu'avec les Esclaves-Fidèles de l'Umma (traduction sciemment littérale). Qu'ils se rassurent, la Tunisie saura abriter ses enfants».

* Universitaire.