Ce qui s’est passé hier à Bellevue à El-Ouardia, raconté avec amertume par le député d’Al Massar, Fadhel Moussa, sur sa page Facebook, en dit long sur la nouvelle dictature qu’Ennahdha essaie de mettre en place en Tunisie.
Par Fadhel Moussa
Nos droits et libertés sont en danger. Le bien-fondé de la revendication de la neutralité de l'administration et du remplacement des fonctionnaires et autres agents, qui s'illustrent par leur comportement partisan, a trouvé hier une illustration frappante à Bellevue, El Ouardia. J'ai été invité en tant que "Bellevusoi", sous ma casquette du juriste et doyen de la Faculté des sciences juridiques et politiques et sans mention de toute autre qualité, par d'anciens amis («awlad el houma») et les jeunes de Bellevue, où j'ai vécu plus de trente ans, pour animer un débat, samedi 31 août sur le thème: «Où va la Tunisie?», prévu et annoncé depuis 15 jours notamment sur Facebook. Ma surprise fut grande d'apprendre que cette rencontre a été annulée par la directrice du centre culturel, qui a pourtant accordé son autorisation depuis plus d'une semaine aux organisateurs et touché le montant de la location de la sono... Ce revirement est intervenu sur instruction du délégué («mootamed») qui ne l'a pas caché... Il aurait craint que le débat serait de nature politique alors que le centre est culturel... Je rêve... No comment... Au passage, je rappelle que ce centre culturel est aussi loué pour les mariages et autres fêtes familiales... Cette interdiction d'une manifestation citoyenne est la pire des atteintes qui puisse être apportée à une liberté fondamentale, elle procure la preuve de l'accaparement des espaces publics pour ce qui convient au pouvoir en place ou par l'excès de zèle de certains fonctionnaires pour des considérations dont on peut deviner la nature... L'enquête l'établira. Inutile de décrire la déception des organisateurs et la démobilisation du public suite à l'annonce de cette annulation... Toutefois, une réunion a quand même eu lieu face au local cadenassé pour l'occasion sur la place de Bellevue... Comme le hasard fait bien les choses, nous-nous sommes déplacés pour rejoindre la chaîne humaine d’Errahil entre le Bardo et la Kasbah. Ma conclusion, face à ces pratiques, que je croyais abandonnées avec l'ancien régime, est que le départ aussi rapidement que possible de ce gouvernement est impératif car nos droits et libertés ne sont pas seulement menacés mais bel et bien honteusement proscrits, violés et sans retenue. Il ne peut y avoir un meilleur exemple qui confirme bien d'autres cas qui se multiplient... Les responsabilités des ministres de la Culture et de l'Intérieur sont évidentes car on ne peut croire que de telles décisions puissent être prises sans l'acquiescement des autorités de tutelle. Bien entendu, cela ne dispense en rien la directrice de ce centre et du délégué d’El-Ouardia de leur responsabilité personnelle. Il est aujourd'hui de notre devoir de faire figurer les fonctionnaires avérés sur la liste de ceux qui doivent céder la place, comme réclamé par tout le monde pour les agents qui ont fait preuve de partialité, d’allégeance ou d'absence de neutralité et de s'être mis au service du ou des partis au pouvoir et non au service des citoyens et du service public… Affaire à suivre...
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