Un plan diabolique ficelé a Montplaisir n'augure en rien d'une partie de plaisir pour les journalistes en Tunisie. Sofiane Ben Farhat, l'un des chroniqueurs les plus pertinents de la scène journalistique, semble en faire actuellement les frais.
Par Tarak Arfaoui
Le souffle de liberté qui s'est emparé des médias après la révolution semble bel et bien s'essouffler sous les coups de boutoir d'Ennahdha. Rached Ghannouchi, président du parti islamiste au pouvoir en Tunisie, avait bel et bien raison, il y a quelque temps, de dire que les medias ne sont pas encore dans la poche («mouch madhmounine») car appropriés par les laïcs et les gauchistes.
Depuis il a fait des progrès dans son entreprise de démolition des médias indépendants pour asseoir son emprise sur ce secteur névralgique
A titre d'exemple :
Sami Fehri le patron libre d'Ettounsia TV n'est pas libre depuis un an et croupit en prison.
La muse libertine de la chaine Ettounsia est soumise.
La brise fraiche de Nesma TV a pris des courants d'air avec l'éviction de ses chroniqueurs vedette indépendants.
Le patron d'El Hiwar Ettounsi TV, Tahar Ben Hassine, dont le crime est de critiquer Ennahdha, est dans le collimateur de la brigade criminelle.
Les rappeurs sont râpés pour leur liberté d'expression.
Les dernières nominations dans les médias publics ont une dénomination partisane.
Un cameraman est pris la main dans le sac pour une prise en vrac d'un jet d'oeuf frais sur une tête pas très fraiche.
Les journalistes sont sur des listes noires ayant de sombres desseins.
Sofiane Ben Farhat, un journaliste indépendant, apprécié par tous ses confrères, un homme du terroir qui n'a pas le stylo dans le tiroir ni la langue dans la poche, est actuellement l'objet d'une entreprise de démolition par le pouvoir en place en bonne et due forme.
Critique implacable du gouvernement, esprit libre, sans concession, à la grande culture historique et politique, à la fibre nationaliste, il se trouve actuellement traité comme un vulgaire paria du fait de ses prises de position. Insupportable pour les esprits réactionnaires, longtemps arroseur attitré des barbus, ils ont finalement tout fait pour le raser de la scène médiatique tunisienne.