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Le combat contre la Cosa-Nostra qui gouverne en Tunisie ne se gagnera pas dans les salons feutrés des présidents et autres présidentiables, c'est à la rue qu’elle trouvera son issue: un juste-milieu entre la kermesse du Bardo et la guérilla du Liban.

Par Jomâa Assâad*

 

Négociations, tractations... Marchandages, chantages... Manoeuvres, basses oeuvres... Voltes-faces, doubles face... Arguties, facéties, inepties...

Par ces temps de trouble politique, nous aurions tout vu et serions disposés à avaler les couleuvres les plus indigestes. Un incongru ballet «diplomatique» nous a sidérés, intrigués, et, au final, indignés. De mémoire de quinquagénaire accompli, il ne me souvient pas d'avoir vécu pareilles concentrations au millimètre carré d'Excellences consulaires dans le bureau du Secrétaire Général de l'UGTT.

Qu'avaient-ils à y faire? S'enquérir de l'état de santé de la Tunisie, en prenant le pouls de ses principaux acteurs, nous répondit-on. De chevronnés ambassadeurs prospectant le devenir politique de notre pays sur la base d'entretiens diplomatiques avec des syndicalistes?! Syndicalistes dites-vous? Voyons voir. Des acteurs sociaux qui s'étant volontairement dessaisis de leurs dossiers revendicatifs, se sont auto-proclamés arbitre du duel opposant le pouvoir en place à ses adversaires, peuvent-il être affublés du nom de syndicalistes? N'y aurait-il pas un soupçon de confusion des genres dans cette mayonnaise qui s'obstine à ne pas prendre?

caid essebsi ghannouchi 8 22

Le démocrato-bourguibiste reçoit l'extrême onction de sa sainteté le Cheikh.

Témoin de cet effritement de l'Etat, l'attribution par le pouvoir de la qualité de «garant suprême de l'intérêt national», à tel vénérable politicien de l'opposition, intuitu personae s'il-vous-plait! Lequel, accumulant bourde sur bévue, est en passe de torpiller le mouvement de rejet politico-social de la Cosa-Nostra gouvernante.

Non content de se pavaner intra muros ès qualité, déclamant ça et là qu'il n'est comptable de ses actes qu'à Dieu, l'extrême onction lui ayant été décernée par sa sainteté le Cheikh, ce prétendu démocrato-bourguibiste a souverainement sollicité l'arbitrage d'un Etat étranger dans le conflit opposant Ennahdha à 85-88°/° des tunisiens (selon le dernier sondage commandité par Montplaisir), dont il est sensé, jusqu'à nouvel ordre, faire partie.

caid essebsi hamma hammami 8 26

Caïd Essebsi--Hamma Hammami, une alliance contre-nature?

Médusés, nous assistâmes au cérémonial d'allégeance de l'Etat tunisien à sa «soeur aînée». Pur protocole diplomatique, nous dirait-on? Que nenni! L'inféodation, dont nous ignorons à ce jour les termes exacts, fut scellée moyennant subsides sonnants et trébuchants. Au bord de la banqueroute, l'Etat tunisien a perdu toutes ses potentielles, et non moins éphémères, sources de financement. Et c'est aux abois, contraint et forcé, que notre Imam s'est résolu à se retourner vers le voisin laïc. Une main secourable, et abjectement opportuniste, lui a permis d'assortir ce pur acte de mendicité en stratégie de «réconciliation nationale».

Ce faisant, ne vous y trompez pas: la faillite de l'Etat, accommodé à la sauce nahdahouie, n'est que différée. Outre le fait que ces «dévots» sont incapables de gérer sainement un Etat, la majeures partie de ces fonds servira, comme à l'accoutumée, de sombres desseins. Aussi, me hasarderais-je à formuler, sans périphrases de courtoisie, quelques suggestions.

Nida Tounes, débarrassez-vous au plus vite de cet éternel présidentiable dont les ambitions personnelles, démesurées au demeurant, annulent toute possibilité de positionnement politique.

Hamma Hammami, démarquez-vous de ce personnage politiquement, en dépit des apparences, incorrect. A défaut, vous y laisserez vos plumes de militant, historiquement reconnu comme tel.

ugtt dialogue national 9 16

L'UGTT perd son temps à jouer les médiateurs pour un dialogue national qui n'aura pas lieu. Elle a mieux à faire...

UGTT, retrouvez votre véritable rôle de groupe de pression. Admirablement structurés et implantés, vous êtes à même de contrecarrer les intégristes avec leurs 5000 mosquées. Le centralisme et le culte de la personnalité ne pouvant qu'affaiblir votre action, répartissez votre résistance sur vos structures et militants de base.

Opposition populaire, ce combat ne se gagnera pas dans les salons feutrés des présidents et autres présidentiables, c'est à la rue que la guerre trouvera son issue. Bien encadrés, nos jeunes sauront trouver un juste-milieu entre la kermesse du Bardo et la guérilla du Liban.

Frères Algériens, la Tunisie ne vous a pas habitués à la mendicité, ni à l'opportunisme, ni à la fourberie. Rétablie du mal nahdhaoui, elle vous tendra généreusement ses bras hospitaliers... Et nous trinquerons de bon coeur à la prospérité d'Alger la Blanche.

*Universitaire.