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Pour protester contre les restrictions à la liberté d'expression, la grève est un moyen d'action assez commode. Mais n'y a-t-il pas d'autres, plus efficaces?

Par Jomâa Assâad*

Amis journalistes, membres du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), il serait grand temps que vous envisagiez d'autres modes d'action que celui, primaire et surtout inefficient, de la grève.

Dépasser l'approche corporatiste

Ce modus operandi repose sur une contradiction fondamentale: votre action est dirigée contre les velléités nahdhaouies d'étouffer le droit à l'information. Or, en faisant grève, ne contribuez-vous pas, ne serait-ce que pendant 24 heures, à suspendre ce droit?

De plus, le problème posé dépassant l'approche corporatiste, puisqu'il s'agit en fait de défendre l'unique acquis de l'après 14 janvier 2011, à savoir le droit d'expression, ne conviendrait-il pas d'envisager des actions qui permettent l'implication, et pas seulement le soutien, d'autres acteurs de la société civile?

Propositions concrètes: plaçons la journée du 16 septembre sous le thème: «Bilan post-révolutionnaire tragique: Ennahdha et la liberté d'expression», tous les intervenants: journalistes, enseignants, universitaires, intellectuels, artistes, sportifs, politiciens, jeunes et moins jeunes actifs, hommes et femme de bonne volonté... engageront dans les espaces privés et publics, chacun à sa manière, une campagne de sensibilisation, nationale et internationale, à l'incompatibilité dogmatique entre intégrisme et liberté d'expression.

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''Liberté pour la pesse tunisienne''.

Je pense que tout le problème vient de là. Nos «progressistes» et autres «objecteurs de conscience» s'obstinent à nier l'évidence. L'intégrisme est une négation de la démocratie.

Focaliser les efforts sur la dénonciation

La propagande sept novembriste a beau récupérer cette vérité pour asseoir la dictature de Ben Ali, ce n'en est pas moins une évidence attestée par les propres écrits des théoriciens de l'islamisme politique contemporain. Ces «croyants» sont totalement insensibles aux rouages permettant les réajustements politiques en démocratie. Etant en prise directe avec la volonté divine, les manifestations, les grèves, les argumentaires de tous ordres, politiques, sociaux, économiques, éthiques, tous phénomènes humains trop humains, ils n'en ont cure. Seule issue, les «dégager» promptement. Pour ce faire, il faut focaliser tous nos efforts sur la dénonciation, intra et extra muros, de leurs méfaits. Sensibilisée, la déferlante populaire saura s'y prendre.

Le 17 septembre 2013 ne devrait pas être jour de grève d'une corporation professionnelle, aussi prestigieuse fusse-t-elle. Ce jour devrait marquer le commencement de la rupture citoyenne avec cette négation du concept même de citoyenneté qu'est l'intégrisme et ses avatars. La liberté d'expression ne saurait être bâtie que sur les décombres de cet obscurantisme religieux qui en ignorait jusqu'à la lettre. Trouvez-nous, parmi vos référents, une simple allusion au droit à la libre pensée et nous vous accorderons droit de cité dans la Tunisie du troisième millénaire !

A défaut, continuez à ressasser nostalgiquement l'âge d'or du Prophète et de ses compagnons, vous avez 5500 mosquées pour ce faire, quant à nous, ancrés dans la réalité du 21e siècle, nous nous contenterons, par notre labeur terrestre, de rendre encore plus belle cette insignifiante parcelle de la «oumma»: la verdoyante Tunisie!

*Universitaire.

Illustration: Zied El Heni et Mongi Kadhraoui au balcon du Syndicat des journalistes, mardi 17 septembre, s'adressent à leurs collègues rassemblés à l'occasion de la grève générale.