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Face à l’arrogance d’Ennahdha, qui conduit la Troïka au pouvoir en Tunisie, et son refus du dialogue, il n’y a plus de solution, sauf de passer outre, d’annoncer un gouvernement parallèle et de mettre la communauté internationale devant ses responsabilités.

Par Meriem Bouchoucha*

 

Ce gouvernement illégitime depuis le 23 octobre 2012 et dont l’incompétence n’a d’égale que l’arrogance a plongé le pays dans un marasme que, de mémoire d’homme, la Tunisie n’a jamais connu : inflation, insécurité, assassinats politiques, dégradation des services publics....

Accumulant les scandales et les échecs, ce gouvernement n’en continue pas moins son chemin dans l’aveuglement le plus total.

La solution d’un gouvernement parallèle

Servirait-il à quelque chose de discuter avec des êtres sans scrupules? Certainement pas. D’autre part, on ne veut pas et on ne souhaite pas mêler l’armée à la solution de la crise politique... Que faire? Et si on faisait comme si ce gouvernement n’existait pas?

La Tunisie jouit d’un emplacement géopolitique important et qui est en train de gagner en importance : ouverture sur la Méditerranée, proximité avec l’Europe et surtout l’Afrique, le nouvel objet de convoitise des grands. Jeter ce pavé dans la mare ne vaut-il pas mieux que cet immobilisme.

Les choses risquent d’être très compliqués mais tout n’est pas perdu: l’Algérie, l’Egypte et la Syrie reconnaîtront ce gouvernement, probablement les Emirats arabes Unis, l’Arabie Saoudite, la Chine et la Russie.

Que feront l’Europe et les Etats Unis? L’Italie a un intérêt direct avec la Tunisie, en effet, le gazoduc venant de l’Algérie vers l’Italie passe obligatoirement par la Tunisie. De plus, la Tunisie est le point de départ de l’immigration clandestine africaine.

L’Allemagne a aussi désormais des intérêts stratégiques en Tunisie. Elle veut assurer sa transition énergétique et a besoin de notre soleil et de notre main d’œuvre qualifiée et pas cher afin de mettre en place un grand projet pour récupérer de l’énergie solaire dans le sud tunisien.

Quant aux Etats Unis, depuis qu’ils existent, ils n’ont jamais soutenu un gouvernement lâché par son peuple sachant qu’ils ont déjà lâché les islamistes en Egypte…

La France de Hollande suivra les Etats Unis d’Obama.

Le plus important dans l’annonce d’un gouvernement parallèle n’est pas la reconnaissance internationale mais le renversement de la situation. Mais donner ce coup de pied dans la fourmilière, obligera Ennahdha et ses acolytes à être, pour la première fois, dans la réaction. Elle sera amenée sur le terrain de l’opposition qui, jusque-là, a toujours été dans l’expectative. Or si l’opposition annonçait un gouvernement parallèle, elle pourrait enfin être dans la position de leadership.

Bien-sûr, en supposant que l’opposition fasse – et surtout ne gâche pas – ce qu’elle aura fait, comme à chaque fois ou presque.

La conjoncture mondiale est toujours en défaveur d’Ennahdha mais ceci risque de ne pas durer éternellement. Si le régime syrien tombe, si les Etats-Unis attaquent, si Bachar Al Assad est assassiné… Beaucoup de si qui peuvent inverser la donne : l’Etat théocratique sera alors inéluctable et la misère due à la privatisation sauvage menée par les islamistes implacable.

* Chercheur CEPN, CNRS, Université Paris-Nord.