Dans l’appel reproduit ci-dessous, le collectif citoyen ‘‘La liberté vaincra’’ appelle les Tunisiens, intellectuels, cadres, ouvriers et sans grades, à résister aux dérives des forces qui détiennent actuellement les leviers du pouvoir dans le pays.
Seule l’histoire, pourra dire, avec le recul du temps, la trace laissée par la troïka dans la gouvernance de la Tunisie depuis maintenant près de deux ans. Cependant, nous pouvons d’ores et déjà établir un bilan sur cette expérience. Hélas, l’espoir d’un avenir meilleur s’est transformé en crainte d’un lendemain obscur et sombre; l’euphorie de la délivrance, qui a suivi la révolution du 14 janvier, s’est métamorphosée en doute, défiance et appréhension! Sur le plan économique, tous les indicateurs sont en berne voire carrément alarmants et sérieusement angoissants : - dette publique excessive de plus de 33 milliards de dinars, ce qui correspond à près de 50% du PIB; - déficit commercial de plus de 9 millions de dinars non compensé par la balance des services ou les revenus des capitaux, ce qui signifie que la Tunisie s’endette auprès d’agents étrangers; - une inflation galopante d’environ 6,4% ce qui aggrave davantage le pouvoir d’achat des citoyens. D’ailleurs, certains experts avancent des taux d’inflation particulièrement alarmants : 13 ou même 14%! - un chômage structurel de masse, officiellement, de près 17,6%, qui frappe tout particulièrement les jeunes, diplômés et non diplômés. En réalité, si on compte les non inscrits cette proportion atteint aisément les 35%; les inégalités régionales en la matière sont carrément décourageantes! - une croissance d’à peine 2% pour le premier semestre de 2013, qui s’explique fondamentalement par le manque de dynamique économique à cause de l’insécurité régnante; etc. Sur le plan politique, les lâches assassinats politiques de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi ont précipité le pays dans une crise institutionnelle sans précédent. Concrètement, la situation s’est sérieusement envenimée et l’insécurité, quant-à-elle, s’est définitivement installée. Nos concitoyens souffrent désormais le martyre et le terrorisme gagne jour après jour du terrain. Pendant ce temps, la troïka est beaucoup plus préoccupée par le noyautage de l’administration publique que par la détresse justifiée de nos concitoyens. En fait, la révolution de l’espoir, de la dignité et de la justice s’est transformée en festin pour des fauves affamés, avides, voraces et assouvis. En somme, nous assistons aujourd’hui à une guerre de clans, une bataille pour le pouvoir, un combat pour les portefeuilles. Il est donc temps d’agir, de se mobiliser, de dénoncer et de rompre avec ces pratiques! Sauvons notre chère patrie! Sauvons notre Tunisie! Nous ne pouvons pas rester les spectateurs de ce drame qui secoue le monde arabe et qui nous dépasse. Nous sommes les acteurs d’une Tunisie résolue à redevenir l’une des nations les plus dynamiques et la plus prospère dans son environnement méditerranéen. Et nous n’avons besoin, pour cela, ni de la nostalgie de ceux qui ne rêvent que du passé ou de revanche, ni de ceux qui ont pris la fâcheuse habitude d’attendre des autres la solution de nos problèmes. Nous n’avons pas à faire le gros dos sous ce violent orage. Nous devons l’affronter debout, volontaires et sûrs de nous-mêmes. Nous gagnerons comme nous l’avons fait dans le passé. En effet, nous avons gagné des combats bien plus durs, tenaces et coriaces contre l’occupation, l’arrogance et l’impérialisme français ou encore contre le sous-développement, la misère et l’ignorance. Nous appelons donc toutes les Tunisiennes et tous les Tunisiens, intellectuels, cadres, ouvriers et sans grades, à se joindre à nous pour enrichir et élargir davantage ce collectif. Notre mouvement vise non seulement à résister aux dérives des forces en présence, ceux qui détiennent les leviers du pouvoir, mais aussi d’offrir à notre grand peuple une alternative capable de répondre à leurs aspirations et attentes. Vive la République; Vive la Tunisie.
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