Seuls les hommes d'Etat responsables sont capables de dépasser leurs égos pour aller de l'avant et donner un second souffle à la démocratisation du système politique en Tunisie. L'Histoire s'en rappellera.
Par Aïda Bouchadakh*
De jour en jour, la classe politique tunisienne perd de sa crédibilité auprès de la population... Et pour cause. A les entendre, les uns comme les autres prétendent vouloir engager un dialogue constructif soucieux de préserver l'économie nationale; et pourtant les faits sont têtus, chacun ne cherche qu'à prêcher pour sa chapelle et voudrait naïvement nous faire croire qu'il s'agit là d'une position neutre... En effet, malgré les concessions non négligeables d'Ennahdha, le dialogue national n'avance pas, pour ne pas dire qu'il marche à reculons... La candidature de Ahmed Mestiri au poste de Premier ministre a été rejetée par certains pseudo-politiques imbus de leur personne... Il est bon de rappeler que M. Mestiri est le candidat d'Ettakatol accepté par certains et rejeté par d'autres Qui est donc ce M. Mestiri? C'est un homme reconnu pour sa droiture et son sens de l'Etat mais il semble que ces qualités ne suffisent pas pour assurer un intérim de 6 mois au plus Il semble que le fait que M. Mestiri soit l'un des rares ministres à avoir présenté sa démission à Bourguiba, du temps où les uns comme les autres courraient derrière les responsabilités, soit perçu non comme un gage d'indépendance et de sens aigu de l'Etat, mais comme un signe d'insubordination qui pourrait nuire aux prétentions de certains... Evidemment, cet argument n'est pas mis en avant, loin s'en faut, il ne reste pas moins que le citoyen est loin d'être dupe... Les arguments mis en avants par les uns et les autres sont contradictoires. Si on lui reprochait son grand âge, on serait bien inspiré de faire prévaloir cet argument également vis-à-vis de Béji Caïd Essebsi qui semble avoir des prétentions nationales. On devrait également aller jusqu'au bout de sa logique et préserver l'Etat de telles candidatures en imposant une limite d'âge maximale à toute candidature à un poste de responsabilité de premier plan, on y gagnerait en crédibilité... Si on lui reprochait son indépendance vis-à-vis des partis politiques, on est en droit de s'interroger sur le sens que donnent certains à la neutralité qu'on prétend rechercher... Il est bien évident que ce blocage est révélateur du sens de l'Etat de certains pseudo-politiques. Seuls les hommes d'Etat responsables sont capables de dépasser leurs égos pour aller de l'avant et donner un second souffle à la démocratisation du système politique en Tunisie. L'Histoire s'en rappellera. Le citoyen, conscient des enjeux, départagera les uns et les autres à la première occasion qui lui sera donnée. Aussi est-il temps d'avoir un sursaut national et de profiter de cette occasion pour préserver l'essentiel, à savoir la paix sociale de la Tunisie. * Economiste. Articles du même auteur dans Kapitalis : Les Tunisiens trahis par leurs élites politiques Tribune : Lettre ouverte à ma fille... Amina Tunisiens, sommes-nous si irresponsables pour mettre le pays à feu et à sang?
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