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L'auteur dénonce le silence assourdissant des responsables politiques face aux tentatives d'intimidation dont est victime le journaliste Sofiane Ben Farhat et exprime son exaspération face à l'inertie des autorités et leur irresponsabilité!

Pr. Ezzeddine Ben Hamida*

Le saccage du domicile de Sofiane Ben Farhat, la semaine dernière, et les intimidations dont il est victime, depuis maintenant plus d'un an, montrent clairement l'efficacité de son travail d'investigation et de dénonciation. Sofiane par son activisme, son obstination dans l'analyse et son entêtement à découvrir la vérité, dérange! Il dérange, même beaucoup!

Il est limpide, perspicace et vif; il est un danger pour ses détracteurs, une menace pour ses adversaires, un risque pour ses ennemis! Il fallait donc s'en débarrasser... mais nous sommes tous des Sofiane Ben Farhat!

Avertissement et menace

Sofiane, comme tous les journalistes tunisiens d'ailleurs, est le symbole de notre conscience patriotique. Dans une société démocratique, le journaliste représente en effet la conscience collective de son pays. Il est la vitrine de sa communauté nationale. Le faire taire c'est celer pour toujours tout espoir démocratique!

Rached Gannouchi n'a-t-il pas déclaré très récemment, suite à l'échec des dernières négociations pour aboutir à un consensus national impliquant toutes les forces politiques en présence, que «(...) si les tiraillement politiques continuaient, le risque d'un troisième assassinat politique deviendrait réel?». Que devrions-nous en conclure? Le saccage du domicile de Sofiane Ben Farhat devrait-il être lu comme un avertissement? Et après Sofiane Ben Farhat, à qui le tour?

Les terroristes algériens n'ont-ils pas commencé par les journalistes et les intellectuels pour finir de s'en prendre au médecin qui refusaient de les soigner! Une terreur qui a duré plus de 10 ans et qui s'est soldée par plus de 100.000 victimes.

L'Etat par ses organes institutionnels est sensé exprimé lui aussi la conscience collective de son peuple. Cet Etat s'est transformé, aujourd'hui en Tunisie, en organe institutionnel entre les mains d'un groupe d'individus qui cherche, me semble-t-il, à mieux asseoir leur pouvoir sur la conscience patriotique du peuple tunisien; c'est-à-dire, anéantir ses espoirs pour la liberté et mettre un coup d'arrêt à ce cheminement démocratique.

Notre peuple, aujourd'hui, souffre par l'absence de perspectives électorale, économique et sociale! Les espoirs du 14 janvier se sont évaporés et les acquis comme l'émancipation des femmes, sont réellement menacés. La Tunisie est devenue hélas une terre d'accueil pour certains jihadistes. Oui. La Tunisie court désormais le risque fatal de devenir un foyer du terrorisme!

Le gouvernement en est entièrement responsable; les déclarations de certains ténors du parti dominateur de la troïka jettent le trouble: le ministre des Affaires religieuses, Noureddine Khademi, n'a-t-il pas encouragé à un moment le jihad en Syrie?

Les manœuvres dilatoires des islamistes

Les deux gouvernements de la troïka n'ont pas cherché à régler les problèmes qui étaient à l'origine de notre révolution (chômage, inégalités territoriales...). Ils se sont focalisés sur des thèmes qui ne relèvent nullement des préoccupations, ni immédiates ni lointaines, des Tunisiens: la loi sur «awqaf» ou «habous» (biens de mainmorte) que les alliés d'Ennahdha cherchent maintenant à l'affaire passer est l'illustration de ces manœuvres dilatoires. Ennahdha a cherché délibérément à noyauter l'administration, joyau de notre pays, pour mieux asseoir son pouvoir et servir les agendas d'autres pays.

Je ne peux finir mes propos sans dénoncer le silence assourdissant des responsables politiques concernant la lâche agression et les tentatives d'assassinats dont est victime mon confrère Sofiane Ben Farhat. J'exprime mon exaspération face à l'inertie des autorités en place et mon indignation la plus profonde à l'égard d'une telle irresponsabilité!

*Universitaire, délégué syndical SUD Education (Solidaire Unitaire Démocratique) – section Grenoble, France.