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Je voulais rédiger un billet sur les problèmes des jeunes, et j'en ai tellement trouvés que je me suis fait à l'idée qu'un livre même ne suffira pour tous les évoquer. Je me suis donc résolu de ne parler que d'un seul problème que j'ai appelé «chômage forcé».

Par Toumi Noômen*

 

Qu'est ce que le chômage forcé?

Il n’y a pas de définition technique pour ce terme, sauf celle qui se rapporte au chômage technique des personnes actives.

Mais, je veux parler d'une forme d'injustice sociale qui oblige des personnes ne souhaitant que faire part de la vie active, tout en ayant les qualifications pour cela, mais, qui sont contraintes à ne pas l'être. Je parle de ces dizaines de milliers de jeunes qui vivent là où l'investissement se poursuit au rythme d'un «sonate au clair de lune» que les opportunités d'embauche se font aussi rares qu'un nouveau croissant de lune. Savez vous combien coûte un entretien d'embauche?

D'ailleurs, il en faudra, généralement, plus d'un pour décrocher un contrat de travail. Je vous donne un petit aperçu: un aller/retour depuis sa ville natale vers celle où on a plus de chance de travailler, un repas, un ou plusieurs taxis sur place pour ne pas froisser les habits qui nous donnent l'air «respectables» au yeux des employeurs... et pour certains, passer la nuit sur place car le trajet fait quelques heures qu'il devient préférable d'arriver la veille pour éviter d'être dans un état de fatigue et de déconcentration, qui risque de saboter tous les efforts déployés. Pour certains, la facture s'élève à plus de 50 dinars par entretien.

L'ensemble de ces contraintes pousse ces gens à guetter les concours dits «étatiques», moins coûteux et, par ailleurs, plus risqués.

Finalement, ils seront qualifiés de «chômeurs volontaires», quoique la volonté vient, surtout, de cette politique qui, au lieu de viser à combattre le chômage, s'est contentée de vendre un faux-espoir avec des concours de 33 postes et 330.000 candidats, ou à «offrir» une prime chômage sur une seule et unique année qui était, malencontreusement, la moins prolifique en investissement.

Si, au lieu de cela, on avait, seulement, offert l'hébergement et le transport sous présentation d'une invitation à un entretien, je suis certain que la donne aurait été tout autre, aujourd'hui.

* Membre du conseil national de Afek Tounes.

Illustration: Sit-in de diplômés chômeurs.