selma mabrouk 1 1Des imams ont rendu visite, hier, aux députés pour dénoncer les articles de la Constitution relatifs à la liberté de croyance et à l’égalité des chances entre homme et femme. Ils ont aussi émis une fatwa...

Par Selma Mabrouk*

Une délégation d'«imams» nous a rendu visite, hier, et a exprimé, en tant que société civile, son opinion à propos de certains articles adoptés de la constitution. Armés d'un communiqué éloquent, ils sont allés d'un député à l'autre, d'ailleurs avec une certaine «ségrégation», ne s'approchant pas de ceux et celles qu'ils pensaient ne pas pouvoir convaincre...

Paraphé par une douzaine de noms et de quatre sigles d'associations, sans références universitaires connues, le texte stipule que l'article 6 (qui énonce que l'Etat protège la liberté de conscience) nous conduira à avoir des écoles sataniques et que les musulmans risquent de devenir des renégats en masse…

L'interdiction du «takfir» (accusation d’apostasie ou de mécréance) encouragerait cela en permettant implicitement d'être des «kofars» (mécréants)! L'article 45, aussi, poserait problème.

En énonçant l'égalité des chances dans tous les domaines entre hommes et femmes, il serait la porte-ouverte à la destruction, ni plus ni moins, de la cellule familiale.

Et pour finir en beauté, une fatwa conclut cette analyse en faisant de tous ceux qui ont voté pour l'article 6 des mécréants.

Inutile de rappeler que l'article 6 stipule que l'Etat protège la religion, les symboles du sacré, la pratique religieuse et la liberté de croyance et de conscience. Cela implique clairement que leurs «craintes» sont infondées.

Quant au risque qu'encourrait la famille suite au respect de l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, il est nul et non avenu, à moins que l'on veuille, en fait, retoucher au statut de la femme tunisienne d'aujourd'hui.

* Députée d’Al-Massar (bloc démocratique).