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L'Assemblée nationale constituante (ANC) étant le maillon fort des pouvoirs provisoires en Tunisie, il est légitime de s'interroger sur la valeur réelle des constituants actuels, qui seront les favoris aux élections de demain.

Par Samir Bouzidi

Cette semaine a vu la démission d'un gouvernement sans que la fin de mission pourtant légitime des élus à l'Assemblée ne soit envisagée un instant. Les uns victimes de leur bilan et les autres immunisés par leur statut. Rien d'anormal! Dans les prémisses d'un régime parlementaire normal, «les députés restent et les ministres changent!».

Pitreries, insultes et autres altercations

Sur les bases constitutionnelles de la deuxième république tunisienne qui consacre «l'assemblée des représentants du peuple» comme le maillon fort du pays, il est légitime de nous interroger sur la valeur réelle de nos constituants actuels qui seront, du moins théoriquement, les favoris des élections de demain.

Côté bilan, leur principal échec est incontestablement la finalisation avec 16 mois de retard de ce qui constituait leur principale raison d'être: la Constitution. En cause, certainement beaucoup de calculs politiciens, mais comment ne pas évoquer l'absentéisme record et surtout la longueur de débats souvent hors sujets. Mais le plus grave est certainement ailleurs...

Dans une phase où il était crucial de réhabiliter l'action politique avec le citoyen, les effets de l'image renvoyée par cet hémicycle à moitié vide et empli de pitreries, insultes et autres altercations entre députés sont destructeurs.

Comment effacer les dégâts dans l'opinion de cette assemblée qui n'est jamais autant consensuelle dès qu'il s'agit de consolider les avantages matériels et individuels de ses membres?

Comme un symbole, un des touts dernier article voté à la hâte est l'alinéa à l'article 6, en vertu duquel «l'ANC bénéficie de son autonomie administrative et financière»...

Les «néo apparatchiks»

Dans les cafés populaires où les retransmissions télévisées des débats parlementaires sont régulièrement suivies, les électeurs d'hier fustigent les promesses non tenues de ces élus locaux vus désormais comme les «néo apparatchiks tunisois».

Ce désir ardent de réussite matériel et sociale trouve sa source dans le profil des députés. La majorité d'entre eux sont des militants qui ont payé leur tribu pendant la dictature et sont issus des classes populaires. Près de deux élus sur trois sont de formation littéraire, sciences humaines ou théologie, avec peu d'expérience professionnelle. A peine, un sur cinq est titulaire d'un diplôme supérieur à la maitrise ou master. Des profils qui sont en contraste avec celui plus élitiste de l'exécutif!

Combien de nos constituants actuels sont réellement capables de comprendre tous les enjeux de la loi de finances complémentaire 2014 qui doit être discutée dans les prochains jours et/ou mûrir une décision souveraine sur l'autorisation d'exploitation des gaz de schiste?

Il n'est pas trop tard pour se persuader que le choix ambitieux d'une démocratie parlementaire a ses propres exigences et piliers: un corps d'élus intègres, disponibles et qualifiés.

Source : ''Tunisiens du monde''.