Justice-caricatureManifeste pour l'application immédiate des dispositions de la loi sur la justice transitionnelle dont dépend l’établissement de la vérité et de la justice.

TANT qu'on n'aura pas rendu justice aux victimes de la répression lors de tous les soulèvements populaires, notamment ceux du Bassin minier et ceux qui ont débuté en décembre 2010, et tant que ces victimes n'auront pas été reconnues, en tant que telles, dans les faits et dans les textes;

TANT que ces personnes qui ont, dans un élan sans précédent, affronté et combattu la répression et les balles pour faire fuir Ben Ali, sa mafia et le RCD, ne seront pas solennellement proclamées fer de lance de la révolution historique, souffle d’espoir pour l'humanité toute entière;

NOUS serons nombreux-ses à nous mobiliser pour défendre leur droit, notre droit, à la vérité et à la justice.

PARCE QUE nous considérons que ceux qui ont osé défier l’appareil répressif du régime de Ben Ali, en s’attaquant notamment à des postes de police durant les événements de la révolution, sont des révolutionnaires qui ont défendu une cause juste en usant d’une violence légitime, fondée et inévitable;

PARCE QUE tant que la justice n’est pas rendue et que la reconnaissance par l’Etat n’est pas obtenue, jamais l'unité nationale n’aura de sens et jamais nos libertés si chèrement payées n’auront de valeur;

PARCE QUE la situation politique actuelle se caractérise par une offensive générale orchestrée contre la révolution, offensive qui use de calomnies contre les martyrs, les blessés, leurs familles, ceux qui les soutiennent, en premier lieu leurs avocats et, d'une manière générale, les révolutionnaires, comme en témoignent les plaidoyers, sur les plateaux de télévision et dans les médias en général, en faveur de Ben Ali et de son système mafieux, tout comme la libération obscène de la parole de ceux qui, pour soutenir les bourreaux et les responsables de la répression, utilisent tous les moyens pour discréditer les martyrs, réécrire l'histoire et pour, in fine, faire de la révolution une simple rumeur;

PARCE QUE nous considérons que les familles des martyrs, blessés, et de manière générale tous les jeunes qui ont contribué à la révolution, sont en train d’être injustement réprimés et inculpés pour avoir osé dessiner les contours de nos droits et de nos libertés;

PARCE QUE nous demeurons convaincu-e-s que seule la mobilisation populaire, comme elle l'a maintes fois démontré, permet par son ampleur et la force de ses revendications d’infléchir les décisions politiques;

PARCE QUE, tout comme la majorité des nos concitoyen-ne-s, nous n'avons aucunement confiance dans le système judiciaire qui malgré tous les appels de plusieurs catégories de la société n'a pas été épuré;

PARCE QUE, tant que ce système est aux ordres comme il l'a encore démontré, notamment à travers les procès de jeunes artistes, de journalistes après le départ de Ben Ali, et surtout dans les procès des accusés de tueries et de blessures infligées à des milliers de Tunisien-ne-s, nous n'aurons pas confiance en lui;

PARCE QUE, depuis le 14 janvier, tous les gouvernements «provisoires» successifs ont intentionnellement enterré les dossiers de la justice transitionnelle au profit de calculs politiciens, tout en criminalisant ceux qui se battaient pour un Etat libre et juste, comme ceux qui luttaient pour la justice sociale et la reconnaissance du lourd tribut payé par les classes populaires dans le processus de libération de la Tunisie;

PARCE QUE, plus de trois ans après la fuite du dictateur, la justice militaire est, à juste titre, soupçonnée de partialité. Le déroulement des procès devant les tribunaux militaires a confirmé l'absence de volonté d'établir la vérité, notamment par le fait qu'ils se soient contentés de statuer sur la base de dossiers ouvertement expurgés par les fonctionnaires solidaires et complices des inculpés;

PARCE QUE nous sommes fiers des sacrifices de nos martyrs et de nos blessés, et prêts à continuer sur le chemin qu’ils ont tracé pour nous;

PARCE QU’il est de notre devoir d’œuvrer à la conservation de la mémoire collective afin d’écrire correctement l’Histoire, Notre Histoire, celle qui sera transmise aux générations futures et que nous tenons à ce que cette Histoire soit fidèle à la réalité… à la Révolution;

NOUS, signataires de ce manifeste, déclarons notre rejet du fait accompli et notre ferme résolution à défendre, aux côtés de celles et ceux qui luttent depuis longtemps, l'avenir que nous avons rêvé pour notre pays. Nous sommes particulièrement solidaires de l’appel lancé par un groupe de jeunes à travers la campagne de défi à l'égard de la justice et de la police;

NOUS exigeons que soient appliquées, immédiatement, les dispositions de la loi sur la justice transitionnelle dont dépend l’établissement de la vérité et de la justice; condition sine qua non pour mettre fin à toute tentative de restaurer la dictature;

NOUS demandons à ce que soient prises en considération les revendications des familles des martyrs et des blessés d’être représentées au sein de la Commission de la Vérité et de la Dignité;

NOUS exigeons l'arrêt immédiat des procès contre les révolutionnaires et la libération immédiate de tous ceux qui ont été mis aux arrêts;

NOUS appelons toutes les Tunisiennes et Tunisiens à la mobilisation pour que la justice transitionnelle soit appliquée, qui aura à connaître de toutes les répressions, de tous les crimes et délits que le régime a commis depuis 1955 et sur lesquelles il s'est bâti;

NON, la révolution ne deviendra pas une rumeur.

Premiers signataires : Azza Ghanmi, féministe; Gilbert Naccache, écrivain, Hajer Boujemaa, journaliste simple d’esprit qui croit en la justice et l’égalité; Choukri Hmed, universitaire; Imen Ben Ghozzi, citoyenne avec préméditation, Patrizia Mancini, militante et journaliste citoyenne; Hamadi Zribi, militant; Fathia Chaari, militante féministe; Kaouther Soussou, arracheuse de dents; Daoud AbdelMonem Faleh, consultant, Kalthoum Ben Tanfous, documentaliste; Haikel Hazgui, nihiliste; Chiheb Boughedir, universitaire : Omar Aloulou, compositeur; Sami Tlili, universitaire-cinéaste; Maha Marrouki, Architecte d'intérieur; Haifa Jmour; Feryel Mbarki; Myriam Ben Mohamed; Débat Tunisie; Alaa Talbi; Sihem Gharbi, femme tunisienne et démocrate; Bassam Bounenni, journaliste; Ines Tlili; Najah Chaari, Mohamed Hanachi, activiste; Olfa Lamloum, politologue; Mariem Bribri, militante; Nooman Bouaziz, médecin; Chema Triki, militante; Saber Abbes, militant; Faouzi Daas, citoyen engagé; Abderrazak Naïri, retraité; Ghassen Amami, cinéaste; Sabri Zghidi, journaliste; Maha Abdelhamid, doctorante en sciences sociales; Néji Khachnaoui, écrivain et journaliste; Selma Zghidi, monteuse de cinéma; Naama Nsiri, avocate; Charfeddine Elkellil, avocat; Sami Aloulou, architecte-urbaniste; Collectif Septembre; Santiago Alba Rico, écrivain; Valeria Verdolini, universitaire; Seif Soudani, journaliste; Houda Fliss, militante associative; Mohamed Saleh Fliss, militant politique et associatif; Islem Allouch, doctorante en droit privé; Mouna Abid, universitaire; Amina Azouz, universitaire; Yazid Chebbi, ingénieur du son; Ghassen Ben Khelifa, Amine Naouas, doctorant en économie; Lazhar Nsiri, ingénieur; Ons Mzali, étudiant en droit; Adel Haj Salem, professeur agrégé, militant associatif; Ghazi Dali, pédopsychiatre; Arroi Baraket; Raja Chamakh, ex-détenue politique; Abir Kréfa, militante féministe; Samira Ben Haj, pharmacienne; Wahida Mechri, militante de gauche; Bahzed Mechri, militant de gauche autonome; Mohamed Lamine Nsiri, retraité et militant politique; Bassam Hamdi, militant; Mohamed Khenissi, citoyen tunisien; Kamel Bejaoui, enseignant; Emna Henchi Bejaoui, universitaire; Sihem Lamine Ganouni, architecte; Sonya Ben Yahmed, enseignante et journaliste; Hamadi Kamoun; Nadia Ben Salah; Mohamed Ben Ghazi, activiste; Semira Bekhouch, citoyenne tunisienne; Sofiene Meddeb, citoyen tunisien et citoyen du monde; Skander Guetari, auteur compositeur interprète; Samy Hidous, militant; Leila Haddad, avocate; Sonia Derbali, fonctionnaire; Mehrez Chebbi; Zoubeïr Mouelhi, universitaire; Khaled Haddad, chef d'entreprise; Sonia Zakraoui, association "Labinett"; Sarah Bourouissi; Sayfeddine Nsiri, citoyen tunisien; Amel Saadallah, exploitante-programmatrice cinéma; Elyes Gherib, ingénieur; Cherifa Jaibi, directrice de prod.; Hatem Nafti, consultant IT; Amira Turki, enseignante universitaire, designer et plasticienne; Amine Rekik, médecin; Karim Mejdoub, citoyen de la Tunisie nouvelle et créative; Moutaa Amine Elwaer, Mohamed Hédi Bouslama, architecte; Rim Bouzaoueche, Tunisienne; Souad Maamar; Ahlem Mahdouani; Ahmed Aloui; Adel Ben Messadi; Leila El Phil, Labinett, Selma Ben Mustapha, médecin; Leila Bekri; Tarek Ben Hiba, militant associatif de l’immigration; Zied Zayani, médecin; Julien André, étudiant en sciences politiques; Zahra Abidi, citoyenne tunisienne; Sonia Temimi, universitaire; Ridha Khaled, écrivain; Lina Ben Mhenni, citoyenne; Faten Khamassi, universitaire; Raja Abdelaziz, artiste et chercheur; Azza Skhiri, citoyenne; Mario Sei, universitaire; Feryel Bouhlel; Kamel Aziza, ingénieur système, militant de la société civile; Ghazi Beji, réfugié politique Paris; Nejib Naguech, citoyen; Moumen Touti, retraité; Moncef Jaouadi, Wafa Baba, citoyenne libre; Choukri Baccar, consultant; Ridha Smaoui, médecin, militant indépendant; Raouf Barbouch; Aida Mehrez, femme tunisienne et toujours fière de l’être; Hajer Sbai, Lagrosse Yakass, Web Zine; Salah Horchani, universitaire; Bochra Kammarti; Irène Cannone; Willis From Tunis, dessinatrice; Firas Abid, étudiant, militant; Houwayda BH, citoyenne tunisienne; Lotfi Messaoudi, médecin; Yasser Jeradi, artiste; Rim Saidani, assistante sociale; Naziha Rjiba, Zaki Rahmouni; Khaldoun Aloui, activiste; Fatma Asma Moatemri, militante féministe; Salma Meddeb, citoyenne tunisienne engagée; Bahija Ouezini; Fatma Cherif; Afef Medelgi, militante...

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