Les Tunisiens doivent oublier les débats houleux de l'Assemblée et faire confiance à l'Instance des élections et à la société civile pour assurer le succès des prochaines élections.
Par Nejiba Dabbech*
Depuis les élections de l'Assemblée nationale constituante (ANC), le 23 octobre 2011, les Tunisiens rêvent de mettre en place une nouvelle république et un nouvel État de droit. Nous avons tous cru à une véritable révolution et à un nouvel encadrement juridique renforçant les libertés et les droits fondamentaux. Nous avons tous cru à la force de citoyenneté, principal acquis de la Tunisie post-révolution. Mais depuis octobre 2012, date de la fin légale du mandat de cette ANC, des voix se sont élevées rappelant la nécessité d'organiser de nouvelles élections dans les plus brefs délais. La loi organique n°23-2012 (relative à la création de l'Instance des élections) a ainsi été promulguée, le 20 décembre 2012. Néanmoins, cette instance n'a vu le jour que le 15 janvier 2014! Et elle est tenue d'organiser les élections avant la fin de cette année. Qui a proposé cette date de la fin de 2014? Dans quel objectif? Et est-on sûr de pouvoir la respecter? C'est l'ANC qui s’est donnée à elle-même cette prérogative (en vertu de l'article 33 de la loi 23-2012), les Tunisiens l'ayant appelée à mettre fin à son mandat dont la durée est restée étrangement ouverte. Ce n'était donc pas un choix pour l'ANC, mais une obligation pour éviter un remake du scénario égyptien en Tunisie. Mais une question se pose ici: l'ANC a-t-elle véritablement répondu aux appels des citoyens tunisiens? Quel est l'apport de la loi électorale, très lacunaire et votée tardivement jeudi dernier? Cette loi, élaborée de manière consensuelle, n’a finalement fait que reprendre les dispositions du décret-loi électoral de 2011 avec ses imperfections? Où est donc l'originalité du législateur tunisien? Même si ces questions se posent aujourd'hui avec acuité, le plus important est de regarder vers l’avenir. On peut combler toutes les imperfections grâce à notre engagement citoyen. On peut faire de notre mieux pour assurer le succès des prochaines élections. Pour cela, nous devons d’abord éviter le piège de l'abstention, notamment parmi les catégories populaires. Nous devons reprendre confiance en nous-mêmes, en tant que citoyens actifs, capables de construire notre avenir. La loi n'est finalement qu’un texte, son effectivité dépend de notre niveau de conscience et de notre qualité d’engagement. Dépassons donc les débats houleux de l'ANC et faisons confiance à l'Instance des élections et à toute la société civile tunisienne. Traçons ensemble un nouveau chemin de réussite en dépit de tous les obstacles et prouvons au monde entier que la société tunisienne est démocratique par excellence de par ses institutions, sa pensée et sa culture. Ce sont nous, les citoyens, qui surveillons la loi et c'est à nous de la rendre effective. Nous les Tunisiens (jeunes, femmes, membres de l’élite…), nous faisons notre devoir et nous aimons notre pays… * Chercheur en droit public. |
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