Mme Karboul, M. Jomaa, n'outrepassez pas le mandat limité dans le temps que le peuple vous a concédé et, de grâce, ne nous donnez pas de leçon de politique étrangère !
Par Nizar Chebbi
Madame, Monsieur,
Je m'adresse à vous en français dans l'espoir que vous compreniez le plus exactement possible ce que j'ai à vous dire, sachant votre maitrise très moyenne de la langue officielle du pays dont vous êtes ministre.
Etant donné que nous vivons en cette ère dans une contrée peuplée de bétail humain où il est possible de se voir bombarder ministre d'un secteur névralgique de l'économie sans pour autant maitriser les ABC de la langue du troupeau qu'on prétend diriger, alors soit, qu'y pouvons-nous après tout?
Madame, Monsieur, imaginez-vous un seul instant, dans les pays dont vous cherchez le soutien et l'adoubement, un ministre incapable de rater une occasion d'agresser son auditoire avec des erreurs grossières de vocabulaire ou de grammaire? Vous êtes une femmes intelligente (sans doute... à lire votre CV) et je suis sûr que vous imaginez très bien quel accueil serait fait à un tel ministre dans notre (votre?) matricielle France s'il avait un accent et un vocabulaire de «bougnoule», ou à un ministre allemand s'il parsemait ses interventions officielles de vocables turcophone.
Mais bon, là n'est pas le fin mot du sujet.
Derniers vestiges de la dignité perdue
J'aurais plutôt quelques remarques d'un ordre plus sérieux et essentiel à vous faire.
Tout d'abord, il m'importe de vous rappeler qu'en votre qualité de ministre «technocrate» que les circonstances ou autres sombres réseaux ont parachuté à ce poste, votre devoir est de gérer les affaires courantes d'un ministère moribond pour une, et une seule, saison touristique.
Par conséquent, il n'est en aucun cas question que des ministres d'un gouvernement d'intérim et, qui plus est, en période d'essai, veuillent toucher à des principes de politique étrangère qui sont parmi les derniers vestiges de la dignité perdue de ce peuple.
Vous aurez compris, je pense, que je fais allusion à l'abjecte chantage, si mal camouflé, que vous et vos comparses de ce gouvernement de parvenus essayez de nous imposer, à savoir : c'est soit la reconnaissance (tacite pour le moment) d'Israël, soit le déraillement pur et simple du secteur touristique!
Les tours opérateurs étant une chasse gardée du peuple élu (et ce sont vos propos à peu de choses près), nous sommes sommés de choisir entre reconnaitre et accepter les ressortissants d'une méga colonie gouvernée par une extrême droite des plus xénophobes au monde, qui, soit dit en passant, bombarda le pays dont vous êtes aujourd'hui ministre... ou mourir un peu plus de faim.
Si le peuple tunisien est aujourd'hui l'ombre de lui-même, voulez-vous donc qu'il s'arrache le seul fil qui rattache aujourd'hui son cœur aux quelques fibres de son cœur d'autrefois?
Songez-vous Madame la ministre, Monsieur le Premier ministre, que ce refus d'accepter sur notre sol des porteurs de passeports frappés de l'étoile de David, c'est l'un des rares haillons de ce qui reste de la vertu de ce peuple?
Songez-vous que ce peuple glisse depuis plus de 3 ans sur un mur taillé à pic, et que ce refus de la métastase sioniste est le seul brin d'herbe où il a pu cramponner ses ongles?
Elite d'un troupeau de bétail
Croyez-vous donc qu'on n'a plus d'orgueil, parce que nous n'avons plus de honte? Et voulez-vous qu'on laisse mourir en silence l'énigme de ce qu'on a accompli il y a 3 ans, et que vous et vos comparses vous-vous apprêtiez à brader pour quelque miettes au profit de vos nombreuses connexions dans le monde des affaires ?
Oui, cela est certain, si les Tunisiens pouvaient revenir à la vertu, si leur apprentissage du vice pendant 23 ans ou plus pouvait s'évanouir, il pourraient s'épargner un tel débat que vous ne manquerez pas, vous et vos acolytes élite (??) d'un troupeau de bétail, de qualifier de stérile et d'inutile.
Pour finir, Madame la ministre, Monsieur le Premier ministre, n'outrepassez pas le mandat très restreint, très ponctuel et surtout limité dans le temps que le peuple, malgré lui, vous a concédé, et concernant les orientations de politique étrangère (mais pas uniquement) de grâce !, ne nous donnez point de leçons.
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