Réponse aux critiques adressées aux militants de la LTDH dans l’article de Imed Bahri paru dans Kapitalis, le 3 juillet 3014, «La loi de l'omerta dans les prisons tunisiennes».
Par Fathi Hammami*
L’article de Imed Bahri excelle particulièrement dans le dénigrement de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme (LTDH), et fait douter l’opinion publique sur son véritable engagement, sur sa sincérité , et fait allusion à un manque de conviction de sa part!! En effet Imed Bahri reproche injustement aux membres de la LTDH de n’avoir jamais mis les pieds dans une cellule, qu’ils ont plutôt une vision virtuelle de la réalité des prisons, et semblent plus occupés à défendre leurs carrières politiques!! Il les voit maladroitement comme des gens huppés et ne les différencie pas des auxiliaires de l'administration!! Et qu’ils sont en quête de la bonne conscience !!! Loin de nous l’idée de nous nous considérer des combattants irréprochables et irremplaçables ou non critiquables. Sur ce sujet, les remarques du journaliste concernant les militants de LTDH sont inopportunes et n’ont rien avoir avec la critique, des insinuations qui n’ont rien de bon, et ne peuvent que nuire à notre action commune: médias libres et Ong afin d’améliorer les conditions d’incarcération de nos détenus-es et lutter contre toutes formes de mauvais traitement à leurs égards. C’est pour cette raison que les éclaircissements suivants sont plus que nécessaires pour démontrer que LTDH se maintient toujours à sa vocation et ne peut se réduire à un rôle tout formel, et que ses militants-es, bien qu’ils sont submergés–ées par le nombre de causes à défendre, restent toujours engagés à fond et font preuve d’abnégation. La LTDH n’a pas accepté de souscrire à la convention élaborée par le ministère de la Justice – du temps de Noureddine Bhiri –, qui encadre le monitoring des lieux de détention, parce que, spécialement, le droit d’effectuer des visites inopinées n’est pas garanti dans les dispositions de ce projet d’accord. La LTDH est en coopération étroite avec le Centre de réhabilitation et de recherche pour les victimes de la torture (organisation danoise), qui apporte son expertise dans le monitoring indépendants des prisons et procure à LTDH les instruments nécessaires dans le domaine de la sensibilisation. La LTDH s’est toujours levée contre l’impunité dont jouissent ceux qui pratiquent la torture et les mauvais traitements à l’égard des détenus et ce par différentes actions, c’est pour cela qu’elle se félicite d’avoir participé au lobbying pour l’inscription dans la constitution de l’imprescriptibilité du crime de torture et s’active à siéger à l’Instance nationale de prévention de la torture, en se portant candidate. La LTHD s’emploie, tant bien que mal, à combattre le fléau de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants. Les dénonciations des dépassements, l’accompagnement des victimes et leurs familles, les contacts du ministère public pour accorder l’examen médico-légal aux victimes, la campagne médiatique de sensibilisation, c’est notre pain quotidien. Reste que les visites aux prisons, qui sont fréquentes et assurées surtout par ses avocats, sont loin d’être des visites de tourisme!!! Mais, plutôt, une exploration des lieux, malgré les restrictions et des contacts directs avec les détenus–es. Le dévoilement de la réalité sur la situation à l’intérieur de nos prisons et ce qu’endurent les détenu-es est un pas nécessaire vers les réformes. Alors conjuguons-en nos efforts loin de tout clin d’œil malveillant.
* Membre du comité directeur.
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Illustration: Prison de Mornaguia. |
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