L'auteur, vieux militant de gauche, accuse tous les dirigeants de la gauche d'avoir lâché Kamel Jendoubi, ex-président de Isie. Et leur prédit une défaite électorale.
Par Nabil Ben Azzouz*
Pour être clair dès le début : oui, Kamel Jendoubi est mon ami depuis des décennies et depuis qu'on luttait au Comité pour le respect des libertés et des droits de l'homme (CRLDHT) en Tunisie, pour ceux qui ont vite oublié ce qu'ils lui doivent. J'en suis fier. C'est sûr qu'il ne sera pas content de lire cet article, mais tant pis!
- J'accuse mes amis démocrates et de la gauche bien-pensante (les leaders actuels d'Al-Massar, Al-Joumhouri, Front populaire, Ettakatol, Nida Tounis...) d'avoir, pour des raisons bassement politiques, au nom du consensus, lâché l'ancienne Isie dirigée par Kamel Jendoubi pour plaire à Ennahdha et Ghannouchi, qui n'ont jamais pardonné à Kamel d'avoir empêché leurs magouilles (rappelez-vous la conférence de presse de Ghannouchi contre Kamel, lorsque ce dernier s'est opposé à l'accompagnement des analphabètes)... vous vous êtes tus !
– J'accuse votre ingratitude et vos vues trop courtes. Imaginez un instant, amis démocrates, s'il avait laissé faire. Simple. Ennahdha aurait eu la majorité absolue et vous quelques strapontins... que dis-je, des miettes et rien que vos yeux pour pleurer. On aurait ainsi définitivement dit adieu au modèle tunisien. Il a sauvé le pays d'un naufrage annoncé. Ce qui vous a chiffonné c'est son côté «indépendant»... Vous pensiez tous le manipuler... C'est mal connaitre le bonhomme !
- J'accuse Nejib Chebbi d'avoir tourné le dos à un ami qui l'a toujours défendu, tout simplement parce qu'il lui a fait la «remontrance» d'avoir affiché ses posters géants avec Maya Jeribi, bien avant la campagne électorale, sur le modèle de Zine Ben Ali-Leila Trabelsi (Kamel me disait: «Mais il est fou. Il a signé son arrêt de mort politique... Nous, qui sortions à peine du culte de la personnalité..., il va être détesté et se ramasser une gamelle... et que Dieu bénisse son agent de communication»)!
- J'accuse nos amis Khemaies Ksila, Yadh Ben Achour, Samir Ettaieb, Ridha Belhaj, Zied Lakhdhar (dont le parti a fait, noir sur blanc, un communiqué, vite oublié, pour la reconduction de l'ancienne Isie), Hamma Hammami... et même Beji Caïd Essebsi d'avoir, toujours au nom du consensus, gardé le silence et laissé faire Ennahdha qui voulait régler son compte à Kamel. C'était en fait, pour mieux vous rouler dans la farine... et vous êtes tombés dans le piège (rappelez-vous la cabale par le biais de la Cour des comptes!)... On ne vous a guère entendu le soutenir.
- J'accuse tous ceux (et Dieu, combien de fois je l'ai entendu) qui osaient dire que c'est Kamel Jendoubi qui leur a fait perdre les élections de 2011... Etonnant, venant de ceux qui se disent démocrates... Venant de Nahdhaouis, je veux bien... Mais pas vous !
- J'accuse votre incroyable autisme car on a tellement dit et écrit afin de vous prévenir sur ce qui nous attendrait si l'ancienne Isie était lâchée... nous y voilà... et vous voilà encore en train de râler et de pleurnicher... trop tard, car vous allez «certainement» perdre les élections... naïfs que vous êtes!
- J'accuse mes amis démocrates, d'être uniquement dans le calcul politique, la lutte des places et la précipitation, jamais dans la réflexion pour un réel changement... A se demander si au fond de vous-mêmes, vous êtes réellement... démocrates ? – Mon camarade Mohsen Slim Bey a bien résumé en écrivant : «Vous avez décrié Jendoubi et vous l'avez accusé de tous les maux et bien mabrouk alikom Sarsar !»
Pardon mon ami Kamel
* Cet article est paru sous le titre «Oui, je règle des comptes... et encore !» sur la page Facebook de Nabil Ben Azouz.
** Le titre est de la rédaction.
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