Les dattes sont interdites à l'importation afin qu'elles ne contaminent les nôtres. Comment se fait-il que l'on trouve dans nos marchés des dattes produites dans les pays du Golfe?
Par Malek Ben Salah*
Nos textes interdisent rigoureusement toute importation de dattes et de toutes parties du palmier par crainte d'introduction de la dangereuse maladie du bayoudh en Tunisie; et dans le temps, tous nos contrôleurs phytosanitaires les appliquaient avec une rigueur tout à leur honneur.
Mais quel a été mon étonnement de voir, aujourd'hui, mercredi 16 juillet 2014, au marché municipal de la cité El-Khadra, à Tunis, sur un étalage exposé à la vente libre au public, de dattes sous l'étiquette ''Degla El-Khalij''. Et, si ces soi-disant ''degla'' sont arrivées jusqu'à la cité El-Khadra, c'est qu'il y en encore bien partout dans le pays.
Comment ces dattes sont-elles entrées dans en Tunisie? Ont-elles subit le contrôle phytosanitaire réglementaire? Quel est le contrôleur qui leur a donné le visa d'entrée? Et quelle a été la réaction du ministère de tutelle? Ou bien, est-ce que le feuilleton du non-contrôle et de la gabegie se poursuit; et après l'apparition du feu bactérien sur nos pomacées, de la tristeza sur nos agrumes, c'est au tour du bayoudh de rendre visite à nos palmiers?!
Mais attention, et plus que le feu bactérien ou la tristeza, le bayoudh (dont le nom scientifique est Fusarium oxysporum albedinis sp.), une fois installé, ne laissera pas un seul palmier «degla» en vie, et adieu la «degla», l'exportation, l'usinage, l'emballage...
C'est là une grande responsabilité du gouvernement de compétences et du ministère de l'Agriculture. Une réaction immédiate est nécessaire si on veut arrêter ce feuilleton des négligences qui continuent de ruiner notre agriculture!
Palmier affecté par le bayoudh.
Et dire que, il n'y a pas si longtemps, tous les cadeaux de dattes faits à nos ministres et membres du gouvernement en visite à l'étranger étaient régulièrement saisis et incinérés, que les 10 cargaisons de dattes envoyées par Saddam à la Tunisie avaient été – après leur réception officielle et les remerciements d'usage – directement aspergées d'essence et incinérées dans l'aéroport même!
* Ingénieur général d'agronomie, consultant international, ancien directeur général de la production végétale; spécialiste d'agriculture/élevage de l'ENSSAA de Paris.
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