offre emploi 11 21Lettre ouverte à messieurs le ministre de l’Intérieur, le ministre de l’Equipement et le gouverneur de la Manouba.

Qu’il nous soit d’abord permis messieurs, nous les habitants de la route de Mateur, km 8, Manouba, de vous demander d’agréer nos respectueuses salutations et de vous dire d’emblée que nous aurons tout fait pour ne pas court-circuiter la hiérarchie de l’administration tunisienne et ne pas intenter un procès à l’Etat.

Nous-nous sommes en effet vainement adressés aux principaux concernés par l’affaire objet de cette lettre, en l’occurrence la municipalité, la direction régionale de l’Equipement de la Manouba, le ministère de l’Intérieur à travers le district de la garde nationale de la Manouba (les cachets des bureaux d’ordre respectifs faisant foi).

A deux kilomètres du siège du gouvernorat, plus précisément sur la GP7, km8 entre la station service Total et le magasin Carrefour Express, il y a, tenez-vous bien, un dangereux coupe-gorge. Un coupe-gorge comme il n’en existe plus dans le Grand-Tunis.

Officiellement, ce coupe-gorge est baptisé rue Bader et est relié à la GP7 depuis au moins 1998 (Cf. le plan d’aménagement du quartier. Nous vous demandons en fait d’enfoncer une porte ouverte). Mais la municipalité n’a pas fait les travaux nécessaires (Dieu seul sait pourquoi!), laissant le propriétaire de la station service ériger, dans un premier temps, un muret, et après la Révolution du 14 janvier 2011, un vrai mur de deux mètres de hauteur environ faisant ainsi main basse sur au moins 32 mètres carrés d’espace public utilisé par ce dernier comme parking, ajoutant, par ailleurs, à la dangerosité de l’endroit.

Depuis ce temps là, cette impasse déjà très dangereuse (neuf braquages et un meurtre y ont déjà été commis en 2009 sans que les autorités ne bougent pour faire quoi que ce soit) est devenue, après les derniers travaux faits illégalement par le propriétaire de la station service sus-indiquée, un vrai repaire pour les toxicomanes, les soulards et les malfaiteurs qui s’adonnent occasionnellement à la consommation et au commerce du cannabis (Cf. les procès verbaux au poste de la garde nationale).

Combien faut-il encore de meurtres et de braquages pour que, enfin, les autorités agissent en prenant les mesures nécessaires? Enfoncer la porte qui est déjà ouverte depuis 1998!

Nous exigeons d’ailleurs, nous les habitants du quartier en question, une enquête pour démasquer les responsables qui ont permis illégalement au propriétaire de la station service d’utiliser l’espace public à des fins personnelles créant ainsi ce coupe-gorge qui hante les habitants du quartier depuis des années.

Il est vrai que les quartiers limitrophes ont un caractère ouvrier. Mais les ouvriers qui y résident se sont saignés aux quatre veines pour que leurs enfants fassent des études et sortent de ces ghettos qu’on appelle quartiers populaires et où il ne fait décidément pas bon vivre à cause de l’incurie des responsables locaux, gangrénés par la corruption.

Mais avec la crise économique, la paupérisation des cadres et la spéculation foncière et immobilière de ces dernières années, ces enfants, aujourd’hui jeunes cadres, auront vite fait de se rendre compte, non sans amertume, qu’ils sont condamnés à rester dans le ghetto.

Cependant, ils n’ont aujourd’hui aucune envie de subir ce que leurs parents ont subi en silence et dans l’indifférence totale de l’Etat voyou qu’ils ont connu avant la révolution. Ils n’ont surtout aucune envie de faire subir à leurs propres enfants ce qu’ils ont eux-mêmes subi en silence et dans l’indifférence générale il y a quelques années.

Aujourd’hui, ils en appellent à l’Etat de droit que nous sommes en train de construire ensemble. Ils espèrent que ce dernier ne refera pas les mêmes fautes en faisant plus d’effort pour déprolétariser ces petites gens qui ont presque toute honte bue et qui ne demandent pas la lune. Ils veulent juste un peu de dignité et un peu de sécurité. Nous vous invitons messieurs à venir voir l’endroit dont on vous parle, il est à cinq minutes montre en main du bureau du gouverneur.

Peut-être comprendrez-vous alors pourquoi les habitants de ce genre de quartiers rechignent à payer leurs impôts.

Peut-être comprendrez-vous aussi pourquoi les jeunes issus de ces quartiers sont une proie facile pour les terroristes. Peut-être comprendrez-vous enfin pourquoi certains de ces jeunes ont des comportements de plus en plus asociaux…

Dans l’attente de mesures énergiques de votre part, nous avons bien l’honneur de vous saluer nous les habitants du quartier en question.

Signé : Comité du quartier de la rue Bader - Khaled Ibn Walid - Manouba.

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