Ennahdha-Banniere

A la veille de nouvelles élections, les Tunisiens sont en droit de connaître l'ampleur du «hold-up» commis par Ennahdha, qui a fait saigner les caisses de l'Etat.

Par Béchir Turki*

Légiférer pour légaliser et bénéficier soi-même des rapines est ignoble et criminel. C'est la plus grande malversation commise dans l'histoire de la Tunisie contre son peuple.

Ennahdha au lieu d'assurer l'essor économique, social et industriel du pays, a sciemment démoli les structures de l'Etat. Il a perverti la jeunesse, et a encouragé filles et garçons à aller combattre en Syrie leurs frères musulmans. Il a remplacé la sécurité par l'angoisse et l'inconnu du lendemain. Il a toléré l'installation des terroristes dans nos cités et nos mosquées, pour nous faire adhérer à la secte hérétique des Wahhabites.

Bien avant que les Nahdhaouis ne prennent le pouvoir, ils avaient déjà fignolé leur plan pour pouvoir se remplir les poches. Leur instinct fourbe les guida tout naturellement à se faire dédommager des peines que les tribunaux de la République leur avaient infligées pour des délits et des actes criminels dont ils se sont rendus coupables, et ce en comptant puiser dans les caisses de l'Etat.

L'ardoise des réparations et des indemnisations

J'avais écrit à ce sujet une lettre ouverte à l'intention du chef du gouvernement Hamadi Jebali, le 18 avril 2012, parue dans Kapitalis, pour dénoncer ces rapines quoique légalisées, car elles sont amorales, illicites en droit et «haram» selon la «charia». Mais les Nahdhaouis n'ont eu que faire de l'éthique, du droit et des préceptes de l'islam.

Dépouvus de patriotisme, ils se vengent sur un peuple innocent, nullement responsable de leur passé, un peuple qui en plus leur a fait confiance. Quelle ingratitude!

Il y a plusieurs variantes d'indemnisation.

1- Admission ou réintégration de 130.000 fonctionnaires dans les administrations étatiques ou organismes publics et purge dans ces mêmes administrations des cadres compétents, mais susceptibles d'entraver la politique d'Ennahdha.

Cette mesure a non seulement rendu les effectifs pléthoriques et pesant lourdement sur le budget de l'Etat, mais elle a généré, dans les faits, un absentéisme intolérable et une inefficacité des services, portant atteinte aux attentes du citoyen.

2- Dédommagement en puisant dans de budget des établissements étatiques des anciens fonctionnaires prétendant avoir subi des dommages. Le cas le plus typique est celui de l'ex-ministre de l'Enseignement supérieur Moncef Ben Salem, qui s'est octroyé un haut grade universitaire non méritée et auto-fixé une indemnité de 660.000 dinars. Certains assurent qu'il les a touchés jusqu'au dernier millimes, même si, dans son entourage, on affirme le contraire.

3- Dédommagement en puisant dans certaines «caisses noires» alimentées par des détournements de dons ou de prêts en provenance de l'étranger, notamment du Qatar frère, qui est, on le sait, plus «frère» que tous les autres.

Et voici les Nahdhaouis aujourd'hui repus et satisfaits. Chacun a perçu son pactole variant entre quelques milliers et 3 millions de dinars, soit un gouffre de plus d'un milliard de dinars. Quelle honte !

L'histoire retiendra leur cupidité et leur perfidie.

Le rôle perfide de Foued Mebazaâ

L'histoire retiendra aussi que la réussite des Nahdhaouis à faire passer leur projet, qui semblait pourtant être chimérique au début, est en fait due à la complaisance mystérieuse de Foued Mebazaâ, président de la République par intérim, signataire du décret-loi 2011-1 du 11 février 2011.

Un esprit sain ne comprend pas les motivations ayant conduit ''Si'' Foued à accorder une amnistie totale à tous ceux ayant organisé ou attenté à la sûreté de l'Etat, qui ont violé les lois de la République et, cerise sur le gateau, leur octroie le «droit à la réintégration de leur emploi et à la demande de réparation».

Tel que je l'avais connu, il était un vrai dandy, excellent oenologue, craintif, timoré, d'un tempérament terne et d'une nature docile. Si je dévoilais le montant mensuel de sa retraite actuelle, certains risqueraient de tomber en syncope. Laissons cette initiative à la Banque Centrale qui gère ce budget.

L'histoire saura dévoiler les arcanes de ces nébuleuses tractations. Mais à quelques semaines des élections, les Tunisiens devraient exiger de voir la lourde ardoise des réparations et des indemnisations: qui a été payé et combien a-t-il été payé? Le chef du gouvernement provisoire Mehdi Jomaa devrait ordonner la publication d'un rapport détaillé à ce sujet. Pour que les Tunisiens sachent et qu'ils aillent voter en connaissance de cause.

* Ecrivain.

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