Lettre ouverte de protestation d'une journaliste française qui vit à Djerba contre la situation catastrophique de l'environnement dans l'île.
Par Caroline Marie Cheikh
Monsieur le président,
Madame et messieurs les ministres,
Madame et monsieur les secrétaires d'Etat,
Ma position d'expatriée française (donc étrangère) vivant à Djerba depuis 2 ans, et connaissant la Tunisie depuis un peu moins de 20 ans (et surtout Hammamet), ne me permet nullement de vous contacter.
Si j'ose cet affront, c'est que je vis, au jour le jour, auprès de vos concitoyens Djerbiens, cette catastrophe sanitaire et écologique sans précédent dans l'île et en Tunisie qui sera touchée d'ici peu d'années si rien n'est fait.
En conduisant ma fille à l'école publique ce matin, j'ai cru être en Syrie ou autre pays vivant le chaos total, comment avez-vous tous pu laisser cette catastrophe annoncée, criée depuis des mois et des années par votre peuple se passer ainsi?
Est-ce le fait d'être à Tunis qui vous empêche d'ouvrir les yeux et les oreilles, face aux complaintes et aux pleurs de vos concitoyens?
Est ce la peur de ne pas réussir cet énorme chantier?
Ou est ce tout simplement le manque d'intérêt qui vous rend tous immobiles?
Pourtant, parmi vous certains ont des mères, des pères, des frères, des sœurs, des enfants ou tout autres membres de la famille ou amis qui vivent cette catastrophe, la révolution vous aurait tous rendu égoïstes à ce point ?
Vous qui avez réussi à fermer le bec du monde entier, en réussissant ce merveilleux vote de votre constitution, en ayant cette fierté qu'aucun autre peuple dans le monde ne peut se prévaloir : avoir laisser la paroles à tous, même aux extrêmes, comment ne réussiriez-vous pas ce changement radical et obligatoire, d'utilité sanitaire et publique ?
Comment acceptez-vous de laisser croire à ces fameux touristes ou expatriés, dont je fais partie, que votre peuple est un peuple sale?
Il n'en est rien, Monsieur le Président, je sais juste pour avoir vécu 40 ans en France et dans d'autres pays, que si le gouvernement ne prend pas des mesures radicales, fermes, et ne donne pas les moyens à son peuple rien ne changera, tout ira de mal en pis, et la catastrophe annoncée arrivera, elle est aux portes de l'ile et de la Tunisie.
Soyez tous fiers d'être Tunisiens, levez la tête bien haut, battez vous tous, quelque soit votre parti ou votre religion car ce combat c'est un combat pour la vie de tous, ce combat il touche tout le monde, petit, grand riche, pauvre tous les Tunisiens sont concernés et après viennent les expatriés et les touristes (et non le sens contraire).
Lancez des appels à travers le monde pour recevoir de l'aide financière (qui sera gérée par un colloque d'experts internationaux par exemple), prenez cette opportunité d'avoir l'ile de Djerba en ruine pour en faire une province pilote qui servira d'essai pour la mise en route sur toute la Tunisie, servez-vous de cette chance d'avoir des expatriés qui savent trier leurs ordures pour qu'à leur tour ils aident votre population dans ce long changement nécessaire, obligatoire.
Mais sans conteneurs par foyer, sans ramassage, sans poubelles publiques, sans même un centre tri digne de supporter toutes les ordures, que voulez vous que votre peuple fasse à part une autre révolution?
Mais cette fois, permettez-moi l'expression, ce sera «la révolution de la merde».
En prenant tous vos responsabilités, vous allez non seulement agir pour votre peuple, pour votre image à l'international, et pour le tourisme... et si on doit flatter vos égos sachez que vous serez dans l'histoire, car vous serez tous les premiers à avoir osé mettre en œuvre et réaliser ce fabuleux chantier de la propreté publique que votre peuple vous réclame à corps et à cri (et moi aussi)
Je vous implore tous de bien vouloir prendre vos responsabilités afin de résoudre ce problème sanitaire de façon durable et permanente.
Et par la même vous allez créer des emplois à court et long terme, redonner espoir à votre peuple si courageux et fermer encore une fois le bec à tous ces autres pays qui pensent que la Tunisie n'est pas forte.
Je vous présente mes excuses à tous, si par ces quelques mots d'une étrangère, je vous ai offusqués ou blessés, mais sachez que l'heure est grave, très grave pour votre peuple, moi je ne compte pas, si je ne suis pas bien je peux repartir avec ma famille mais voilà, j'aime trop la Tunisie et le peuple tunisien pour me taire.
J'invite tous les expatriés vivants en Tunisie, tous les amoureux de la Tunisie, les Tunisiennes et les Tunisiens à se joindre pacifiquement à mon appel pour que le gouvernement l'entende et agisse.
Pour ce faire, adressez vos demandes au Président par courrier qu'il soit submergé de lettres, envahissez les réseaux sociaux de vos plaintes, criez dans les médias votre soif de changement sanitaire, et ayez confiance, ne perdez pas espoir, la fatalité n'a rien à voir avec ce problème !
Pitié ne laissez pas la Tunisie mourir, vive la Tunisie et vive les Tunisiens
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