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On ne comprendra pas le wahhabisme, qui alimente le terrorisme dans notre région, si on n'analyse pas ses liens historiques avec le royaume d'Arabie saoudite.

Par Béchir Turki*

L'identité saoudienne est dominée depuis trois siècles par le duo formé par Mohamed Ibn Abdelwahhab, fondateur du wahhabisme, et son allié Mohamed Ibn Saoud, qui n'était qu'un chef de tribu sanguinaire parmi d'autres, mais qui a compris que l'application de cette doctrine radicale et puritaine lui permettrait de conquérir de nouveaux esprits et espaces.

A l'origine du wahhabisme

Tout a commencé en 1713, quand Mohamed Ibn Abdelwahhab, un adolescent intelligent et agressif, rencontre à Basra où il étudiait, un espion anglais dénommé Hemfer qui lui propose, après avoir acquis sa confiance, de créer une nouvelle religion fondée sur un puritanisme absolu. L'Anglais trouve chez cet adolescent l'homme providentiel qu'il lui fallait pour fomenter des troubles et créer des turbulences dans la région.

Il lui enseigne les méthodes du sabotage et de la désinformation et lui conseille de chercher un appui auprès de la tribu la plus connue de Najd et de son chef Mohamed Ibn Saoud.

Abdelwahhab réussit à gagner la confiance d'Ibn Saoud et devient son Qadi (jurisconsulte). Jusqu'à aujourd'hui, ses descendants partagent certaines charges du pouvoir dans ce qui deviendra l'Arabie saoudite.

Ainsi de 1730 à 1740, le tandem part à la conquête de l'Arabie avec des victoires et des revers, des trahisons et des assassinats, des razzias et des pillages avec leur cortège de viols et de rapines.

A noter l'adoption, déjà à cette époque, du concept du martyr du jihad, assurant l'accès immédiat au paradis. Les habitants avaient le choix entre la conversion au wahhabisme ou la mort.

En 1809, l'attaque de la ville sainte de Karbala en Irak eut pour conséquence le massacre de plus de 5.000 chiites, et la destruction de leurs sanctuaires dont celui de l'iman Houssein, petit-fils du prophète de l'islam.

Cette stratégie consistant à asservir les peuples des territoires conquis par la terreur est la même suivie par les combattants de l'Etat islamique (Daêch) en Irak et en Syrie. Et, ce n'est nullement une coïncidence, mais le fruit d'une évolution historique.

Le wahhabisme est une hérésie, une secte anti-islamique. Cette hérésie est fondée sur des commandements négatifs tel que l'interdiction:

- d'adorer, en dehors d'Allah, un prophète, un ange, un saint...;

- de fumer et de boire l'alcool;

- de construire des minarets, d'orner une mosquée de sculptures ou de décorations;

- de visiter des cimetières et de prier sur un tombeau...

Le wahhabisme a, également, décrété l'obligation pour tout musulman de participer aux prières publiques et que son comportement soit surveillé par le pouvoir. Autrement dit, le pouvoir prend la place d'Allah.

Une société de classes

La société saoudienne actuelle comporte deux catégories totalement séparées et étanches, chacune vaquant dans sa propre sphère.

La première est celle de la famille royale qui s'est approprié toutes les richesses naturelles du pays et qui s'est installée aux commandes des principales fonctions. Dans leur vie privée, les membres de cette famille ne sont ni wahhabites ni vraiment musulmans, en tout cas pas autant qu'ils le prétendent.

Au mois de ramadan, la plupart d'entre eux quittent le pays pour loger dans les grands hôtels d'Europe ou d'Amérique, et ce pour ne pas jeûner au motif absurde qu'ils sont en voyage, les voyageurs étant exemptés du jeûne par la charia. En revanche, cela ne les empêche pas de s'adonner à tous les vices et à tous les interdits religieux.

L'autre catégorie, celle de la plèbe, mène une vie d'esclave obéissant au bon vouloir des princes.

Le royaume est gouverné par le sabre, que l'on retrouve d'ailleurs dans son drapeau. Et il est détenteur du record mondial de la décapitation (cela ne vous rappelle-t-il rien dans l'actualité sanglante de la Syrie et de l'Irak?).

Le sabre assure l'impunité et l'immunité à la dynastie en dépit de ses dérives et de ses folies.

La femme, source de vie, est réduite au statut de subalterne recluse, et condamnée à la soumission éternelle. Elle est contrainte à porter le hijab (voile intégrale) et empêchée de conduire des voitures ou de s'adonner à certaines activités jugées masculines. D'ailleurs, les femmes saoudiennes ont inventé un mode de protestation politique qui consiste à conduire une voiture de façon ostentatoire en ville. Beaucoup ont fait la prison pour cet acte banal que d'autres femmes musulmanes, à travers le monde, accomplissent quotidiennement.

 

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