Palais de la KasbahLe texte de la pétition publiée ci-dessous est déjà signé par 120 personnes, militant(e)s politiques indépendant(e)s et activistes de la société civile...

Par Salah Zeghidi

Face à la division et à la dispersion dans lesquelles se trouvent les forces civiles et démocratiques, conséquence inévitable du refus de certaines composantes de constituer un Front électoral uni pour faire barrage à Ennahdha et à ses dérivés, beaucoup de démocrates se posent la question suivante: pour qui voter? Autour d’eux, de très nombreux citoyens les interpellent à propos de la même question…

Aujourd’hui, et à quelques jours des élections, le spectacle qui nous est offert est celui de la division et de la dispersion des forces hostiles à l’obscurantisme…

Cet état de choses constitue malheureusement un facteur qui joue beaucoup en faveur d’Ennahdha et de ses listes… Cela lui permettra de s’en sortir honorablement de l’opération électorale: certes affaiblie, mais dotée d’un groupe parlementaire compact et important qui maintiendra les islamistes parmi les forces principales au parlement et dans le pays. Ce sera l’une des conséquences de la division et de la dispersion des rangs des forces civiles et démocratiques…

Aujourd’hui, Rached Ghannouchi pérore – c’est de bonne guerre… électorale ! – sur l’invincibilité de son parti et se présente même comme l’homme politique conciliant, ouvert, raisonnable, généreux, démocrate même, puisqu’il offre à ses adversaires électoraux d’aujourd’hui de devenir, dans deux semaines, ses partenaires au gouvernement de la république… Alors, pour qui voter et appeler à voter?

Nous voulons être clairs et sans équivoque ni fioriture politicienne. Aujourd’hui, l’un des plus grands risques et dangers qu’il convient d’éviter, c’est de se retrouver, au lendemain du 26 octobre 2014, avec un gouvernement où siègent des Nahdhaouis.

Qu’Ennahdha sorte 1er ou 2e de la compétition électorale, la question de la composition du prochain gouvernement est devenue centrale…

Nous ne voulons, en aucune façon, que des partis ou groupes partisans de l’Etat civil et démocratique et hostiles à l’obscurantisme siègent dans un gouvernement dans lequel figureraient les Nahdhaouis, responsables des assassinats politiques, des violences policières à Siliana et ailleurs, de l’apparition du «jihad nikah», de l’envoi de milliers de jihadistes en Syrie, du laxisme voire de la complicité vis-à-vis du terrorisme, de la transformation de centaines de mosquées en espaces de violence, d’excommunications et d’appels au meurtre, de l’aggravation du chômage, des violences faite à la femme, devenue «moukammila» (complémentaire) de l’homme et non son égale, de la dégradation continue de l’économie, de l’inflation effrénée, des milices du 9 avril 2012 à l’avenue Bourguiba, des agressions, procès et emprisonnements des artistes et des jeunes…

Aucune «cohabitation gouvernementale» avec des Nahdhaouis ou crypto-Nahdhaouis ne peut être tolérée… Cela constituerait une insulte à la mémoire de nos martyrs et aux centaines de milliers de Tunisiens et de Tunisiennes qui, entre juillet et septembre 2013, se sont massivement mobilisés à Tunis, et partout dans le pays, pour destituer le gouvernement d’Ennahdha et de sa «troïka».

Alors, nous l’affirmons avec force: de très nombreux démocrates, tous ceux qui adorent ce pays, ne voteront et ne feront campagne que pour un parti qui s'engage, dès maintenant, publiquement et sans équivoque, à ne participer, en aucun cas, à un gouvernement avec des Nahdhaouis ni à soutenir un tel gouvernement, et ce quelles que soient les circonstances et quels que soient les résultats des élections. Il s'agit là d'un Smig politique et d’une ligne rouge! Et il faut que cet engagement solennel soit publiquement, clairement et explicitement pris…

Rien, absolument rien, par les temps qui courent, ne «va de soi». Et ce qui «va de soi», va encore mieux quand il est dit, affirmé avec force, sans aucune équivoque, surtout en ces temps où dominent l'équivoque et la culture de l'équivoque!

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