Dans cette lettre ouverte à Béji Caïd Essebsi, l'auteur exhorte le président de Nida Tounes à retirer sa candidature à la présidence à soutenir celle de Mustapha Kamel Nabli.

Par Sami El Béhi*

A monsieur Béji Caïd Essebsi, président de Nida Tounes.

Je tiens tout d'abord à vous adresser mes plus sincères remerciements d'avoir pris l'initiative de fédérer les efforts des Tunisiens et d'avoir mis en place cette alternative politique que représente votre parti.

Je vous fais part de mes sincères félicitations pour ce score salutaire pour notre République qui a souffert, trois années durant, des formes les plus inquiétantes d'une déliquescence sans précédent.

Nous attendrons, avec impatience, les résultats officiels pour célébrer, avec confiance, l'intelligence de nos concitoyens et leur attachement à leur tunisianité qui fait d'eux un ensemble homogène enraciné dans cette terre riche, généreuse et trois fois millénaire.

Il serait vivement recommandé d'engager une réflexion approfondie avant d'entamer l'étape suivante des élections présidentielles. Se basant sur ces résultats, votre parti se chargera certainement de la mise en place d'un gouvernement et impliquera pour ce faire d'autres forces politiques, y compris les islamistes.

Nida œuvrera également, au sein du parlement, à la mise en place des instruments législatifs et hautes instances qui permettront de concrétiser les valeurs universelles par notre nouvelle constitution.

Pour les élections présidentielles, en ma qualité d'universitaire et de haut commis de l'Etat, je vous conseille de retirer votre candidature et de mobiliser le soutien de votre parti et de ceux de tous les Tunisiens au profit d'une personnalité indépendante.

Il s'agit le cas échéant de Mustapha Kamel Nabli, économiste et homme de finances de renom. Vous le connaissez très bien. Il a travaillé avec vous lors de la première phase transitoire. Il aurait, surtout, de par son âge, la possibilité d'être reconduit pour un deuxième mandat, si bien évidemment il réussit à donner entière satisfaction aux Tunisiens.

En termes d'image, il représente un candidat crédible puisque ce que les Tunisiens attendent en premier lieu est la revitalisation de l'économie et la refonte du schéma du développement économique et social.

Soutenu par votre parti, M. Nabli, aura ainsi de fortes chances à recueillir la majorité des voix à partir du premier tour.

Je vous fais une telle proposition pour deux motivations tant rationnelles que stratégiques:

1. Que le Très- haut vous garde et c'est de tout mon cœur que je fais ce vœu, il vous serait difficile de mener à bien cette lourde charge qu'impose la magistrature suprême en plus de vos responsabilités de chef d'un parti appelé à diriger la coalition. En outre, les Tunisiens auraient besoin de réassurance et de continuité d'au moins une décennie.

2. La seconde considération relève de l'image que pourrait ternir certaines voix, à raison d'ailleurs, au tour d'une une soi-disant main mise de votre parti, au fond destourien et républicain, sur la vie politique et publique en Tunisie.

Je vous prie d'examiner cette honnête proposition et de demeurer aux yeux de tous le Tunisiens l'homme sage qui ne pense qu'à l'intérêt de ce pays qui est le nôtre. Etant président du parti, vous allez devoir constamment jouer ce rôle de fédérateur dont nous avons besoin pour reconstruire notre Tunisie.

Tout en vous remerciant de votre aimable attention, je vous réitère, monsieur, l'expression de ma considération la plus distinguée et de mon estime la plus sincère.

* Universitaire.

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