Après avoir donné la victoire des vrais démocrates aux législatives, les Tunisiens devront voter pour Caïd Essebsi, qui est à l'origine de la 2e République.
Par Dr Saadeddine Zmerli*
Les élections législatives ont eu lieu le dimanche 26 octobre 2014 pour désigner les 217 membres de la prochaine Assemblée du peuple parmi 13.000 candidats qui ont concouru dans 33 circonscriptions.
Ce choix a été effectué par 5.300.000 Tunisiens, soit 62% des inscrits sur les listes électorales. Une participation honorable à ces élections qui se sont déroulées dans un climat calme et paisible, démontrant l'attitude mature habituelle du Tunisien pratiquant le dialogue et réfutant la violence.
Les Tunisiens ont mûrement choisi
Selon les nombreux observateurs nationaux et internationaux présents dans tous les centres de vote, il n'y a eu ni dérapage grave ni violence. Mais de nombreuses infractions commises par plusieurs partis ont été enregistrées.
Nida Tounes arrive en tête du scrutin avec 85 sièges contre 69 pour les islamistes d'Ennahdha. L'Union patriotique libre (UPL) arrive en troisième position avec 16 sièges, suivi par le Front populaire, coalition de gauche et d'extrême gauche, qui remporte 15 sièges et par Afek Tounes, parti de jeunes, démocrates et laïques, qui gagne 7 sièges.
Ainsi les estimations concernant le succès de Nida Tounes ont été confirmées. Depuis sa création, il y a plus de deux ans, par Béji Caïd Essebsi, ce parti s'est illustré par la défense du code du statut personnel et par son attachement à la construction démocratique du pouvoir par les urnes, ce qui lui a permis d'attirer de nombreux démocrates.
Ce qui n'a pas été prévu, en revanche, c'est le succès inattendu de l'Union patriotique libre (UPL), parti fondé en 2011 par le richissime homme d'affaires et président du Club africain, Slim Riahi, dont l'incommensurable ambition politique a été révélée par sa candidature à la présidence de la République.
On n'a pas prévu, également, la défaite cuisante subie par les partis dits centristes, socio-démocrates, laïcs et de gauche, sortis extrêmement affaiblis, à l'instar d'Ettakatol, Al-Joumhouri, Al-Massar et, à un degré moindre, le Congrès pour la république (CpR), devenu plus islamiste que socio-démocrate.
Paradoxalement, les élections législatives ont précédé la présidentielle, prévue le 23 novembre 2014, qui permettra l'élection du Président de la République pour un mandat de 5 ans, au suffrage universel, libre, secret, direct, intègre et transparent et à la majorité absolue des suffrages exprimés (Article 75 de la Constitution).
Il appartiendra, par ailleurs, au parti politique ayant obtenu le plus grand nombre de sièges à la nouvelle Assemblée, donc à Nida Tounes, de nommer un Premier ministre qui formera le gouvernement. Un acte d'une importance capitale, le rôle du chef du gouvernement ayant plus de poids que celui de Président de la République.
Quand on a perdu, on s'excuse et on disparait
Les électeurs ont muri depuis la première élection qui a donné le pouvoir à la Troïka, la coalition gouvernementale dominée par Ennahdha ayant gouverné le pays entre décembre 2011 et janvier 2014. Ils ont été trahis, les promesses n'ont pas été tenues, le chômage et la misère ont augmenté. Pis encore, ils ont vécu dans l'insécurité.
A quoi aspirent les 27 postulants à la présidence? Aux ors de Carthage? Aux voyages gratuits à travers le monde? A la folie du pouvoir?
La sanction des urnes a déjà éliminé les représentants des partis Ettakatol, Al-Jomhouri, CpR et Al-Massar. Privés du soutien à l'Assemblée, ils ne devraient pas avoir la prétention et l'arrogance de se présenter devant le peuple tunisien. Quand on a perdu, on s'excuse et on disparait. Il n'en a rien été.
Celui qui est à l'origine de notre seconde République, qui a légitimé le Jasmin pour notre Révolution, devrait être plébiscité. Soyons tous unis pour élire Si El Béji.
* Ancien professeur d’urologie aux facultés de médecine d’Alger, de Tunis et de Paris. Fondateur de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (la LTDH). Président, depuis juin 2011, du comité national de l’éthique médicale.
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