Les candidats à la présidentielle qui étaient au service de Ben Ali devraient se retirer de la course à Carthage pour préserver leur «dignité», si tant est qu'ils en ont encore.
Par Abdessalem Mankai*
Le rideau est tombé sur les élections législatives du 26 octobre 2014. Les urnes, aujourd'hui innocentes, ont livré leur verdict.
Un «ouf!» de soulagement est exprimé dans l'euphorie totale par bon nombre de nos compatriotes qui continuent à savourer la victoire de la frange moderniste de notre pays et se félicitent du sérieux frein infligé au mouvement islamiste Ennahdha.
A-t-on vraiment tiré la leçon des législatives?
La désillusion est totale dans les rangs des partis qui ont préféré, à tort, la voie de l'isolement à celle du ralliement. Mais quel camouflet et quelle débâcle! D'aucuns pouvaient imaginer des résultats aussi humiliants pour des partis ayant vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Leur «égo» est passé manifestement avant l'intérêt de la nation. Sauront-ils relever les défis dans leur course acharnée au Palais de Carthage? Nida Tounes ne l'entend sûrement pas de cette oreille!
Le nouveau paysage politique alimente encore les chroniques et donne le ton aux élections présidentielles dont le premier tour, prévu le 23 novembre 2014, s'annonce déjà électrique! Les 26 candidats en lice – Abderrahim Zouari du Mouvement destourien ayant retiré la sienne – affûtent malicieusement leurs armes pour affronter une épreuve dont l'issue dépendra inéluctablement des résultats des législatives.
Est-ce que certains prétendants à la magistrature suprême ont vraiment tiré la leçon, suite à leur triste et malheureuse mésaventure aux législatives?
N'est-ce pas aussi l'occasion pour les candidats du régime déchu – dont on ne citera pas les noms mais qui se reconnaitront – de réfléchir à deux fois avant de s'embourber obstinément dans une aventure électorale vouée à l'échec.
Ne diabolisons personne! Nous avons certes dit avec conviction : Non à l'exclusion! Mais il faudra bien se rendre à l'évidence et afficher un tant soit peu d'humilité. Certains ont compris, d'autres jouent encore les prolongations.
Des hommes de Ben Ali dans la course
Comment les électeurs avertis pourront-ils étouffer un passé, pas si lointain, où certains prétendus candidats destouriens avaient abusivement bénéficié des largesses du régime de Ben Ali, évoquant, dans chaque discours, son génie, même parfois son immortalité, et l'exhortant à achever son «œuvre civilisatrice».
Pire encore, ces mêmes candidats ne peuvent ignorer leur résignation et leur soumission quasi-religieuses à un tyran qui se délectait de bafouer les fondamentaux de nos valeurs: dignité, liberté et démocratie.
Quel culot de vouloir diriger un pays martyrisé, qui continue de panser ses blessures sans jamais réussir à essuyer les traces indélébiles du sang de ses martyrs! Alors que ces mêmes candidats se contentaient de constater, dans l'impunité totale, les abus sans limite des proches de Ben Ali et surtout de son épouse et de sa belle famille.
Notre peuple aigri et traumatisé ne pourra pas facilement vous pardonner votre passivité et votre indifférence devant les dégâts constatés pendant de longues années et votre subordination aveugle à un despote qui nous (et vous) a avilis, aliéné notre identité et spolié nos richesses.
Messieurs les candidats encore indécis, permettez-moi de vous dire, non sans amertume et sans prétendre vouloir donner des leçons: Retrouvez votre ''dignité'' en vous retirant.
Tirez vous-mêmes les enseignements des législatives et n'allez surtout pas à contre-courant de l'histoire. Nos concitoyens, encore blessés, sauront alors peut-être vous pardonner! Le peuple appréciera et la Tunisie se souviendra.
A bon entendeur salut.
* Indépendant.
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