Les Tunisiens vont soutenir, dès le 1er tour de la présidentielle, la candidature de Caïd Essebsi, seul homme capable de sauver la Tunisie du risque de retour en arrière.
Par Mohamed Salah Kasmi*
Béji Caïd Essebsi (BCE) est le grand favori de la présidentielle du 23 novembre 2014 face aux 26 autres candidats à ce scrutin. Il mise sur son programme caractérisé par l'ouverture, le développement, la sécurité et le progrès pour se propulser à Carthage. Il se présente comme le «Président de tous les Tunisiens» et est en train de réussir son pari, au terme d'une campagne sous haute tension, en mobilisant des millions d'électeurs autour de son projet politique, économique, social, culturel et sociétal, et contre l'abstention.
La rencontre entre un homme et son peuple.
Tel un sphinx renaissant de ses cendres
Pour atteindre ce résultat, BCE a effectué une sorte de résurrection politique. Il revient de loin. Après avoir quitté la politique depuis 17 ans, il a assumé à partir du 7 mars 2011 la charge de Premier ministre. Il a confirmé ainsi l'adage selon lequel «les hommes politiques renaissent de leurs cendres quand on les croit finis». Il a conduit la Tunisie aux premières élections libres de la constituante dans un climat de paix civile et de transparence. En juin 2012, il a créé Nida Tounes et remporté les premières élections législatives postrévolutionnaires.
BCE compte renouveler l'exploit de Habib Bourguiba, en devenant le premier président de la République après la révolution; son idole étant le premier chef de l'Etat après l'indépendance. Il veut également lui ressembler en remportant le pari de «rassembleur».
Le président de Nida Tounes a su éviter à son jeune parti les déchirements résultant de son expansion fulgurante opérée en un laps de temps très court pour une organisation politique, soit à peine 37 mois.
Ce qui frappe chez BCE c'est la constance de ses convictions. Il n'a jamais renié son attachement au leader Bourguiba, lorsque certains destouriens influencés par la propagande anti-bourguibienne islamiste n'osaient pas montrer publiquement leur attachement à l'homme de la modernité. John Fitzgerald Kennedy disait que «Bourguiba est l'homme qui a suscité l'admiration universelle». Le général de Gaulle notait qu'il a quelque chose de commun avec lui: «Le courage de prendre des rendez-vous avec l'Histoire».
Caïd Essebsi, ministre des Affaires étrangères de Bourguiba (1985): l'homme a de qui tenir...
BCE a mis ses pas dans ceux du fondateur du Néo-Destour, dont il voulait être le «successeur-rassembleur». Il suit ainsi les traces de cet homme qui a marqué son siècle lorsqu'il a invité les Tunisiens à conjurer ce qu'il appelait le «démon des Numides», ce démon qui «pousse à la désunion, aux luttes intestines». Il partage aussi l'idée d'Abraham Lincoln selon laquelle «une maison divisée contre elle-même ne peut tenir debout».
Le rassembleur des Tunisiens
Dans ses discours, BCE n'exclue jamais l'autre. Son credo est le rassemblement du peuple tunisien. Les Tunisiens retrouvent chez lui la sincérité et la sympathie et apprécient sa vision de la société, construite non pas sur l'idée de vengeance et de règlement de comptes mais sur celle de l'entraide et de la réconciliation. Il croit à la capacité de l'Etat à rassembler tous les Tunisiens pour affronter les défis de l'avenir en rangs serrés. La gravité de la situation sécuritaire et économique peut paradoxalement aider à la concrétisation de cette idée de rassemblement.
Béji Caïd Essebsi et son directeur de campagne Mohsen Marzouk.
Le principal objet de crainte des Tunisiens est de voir ce projet s'assombrir de nouveau par l'arrivée d'un candidat de la tendance islamiste tel que le président provisoire sortant, Moncef Marzouki, dont les idées sont très proches de celles des salafistes et de la milice des Ligues de protection de la révolutions (LPR) dissoutes par jugement du tribunal. Mais les Tunisiens ont retenu la leçon des élections de 2011. Ils doutent fortement de la sincérité et de la droiture des politiques qui ont utilisé leurs voix en 2011 à des fins personnelles. Le passage d'opportunistes au pouvoir a laissé une trace trop désastreuse dans l'histoire politique postrévolutionnaire.
Ce passé noir oblige les Tunisiens à ouvrir les yeux et à prendre position pour soutenir dès le premier tour de la présidentielle la candidature de Béji Caïd Essebsi, seul homme capable de sauver la Tunisie de l'abîme et surtout du risque de retour en arrière.
Beaucoup souhaitent sa victoire dès le premier tour, eu égard l'impopularité du plus sérieux de ses concurrents qui bénéficie du report des voix islamistes sur son nom grâce à ses positions controversées autorisant le port du niqab (voile islamique intégral) en classes dans les universités et ses contacts fréquents avec les membres des LPR reçus au palais présidentiel de Carthage.
*Mohamed Salah Kasmi, universitaire, essayiste et écrivain, auteur de ''Tunisie : l'islam local face à l'islam importé'', éd. L'Harmattan, Paris, octobre 2014.
Articles du même auteur dans Kapitalis:
Quel président de la République choisir ?
Béji Caïd Essebsi doit maintenir sa candidature à la présidentielle
Une coalition entre Nida Tounes et Ennahdha est-elle souhaitable?
{flike}