Dans cette «lettre ouverte», l'auteur appelle M. Caïd Essebsi à lever toute ambiguïté sur une éventuelle présence d'Ennahdha au prochain gouvernement.
Par Salah Zeghidi
Je parlerai le langage de la clarté... Je ne sais pas cultiver l'ambiguïté et le clair- obscur... Notre pays se trouve dans une situation d'extrême fragilité, aggravée par la gestion calamiteuse de la Troïka (ex-coalition gouvernementale, NDLR), durant près de trois ans, c'est-à-dire, en fait et pour l'essentiel, d'Ennahdha et de l'islam politique dont ce parti prétend représenter l'aile modérée...
Après les élections législatives (du 26 octobre 2014, NDLR) et le succès du parti Nidaa Tounes que vous dirigez, mais qui, du fait de la dispersion des forces civiles et démocratiques, ont vu Ennahdha se maintenir malheureusement comme une force importante à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et dans le pays, les électeurs et les électrices s'apprêtent à se prononcer, dans quelques jours, sur le choix du président de la République entre les deux candidats arrivés en tête au premier tour: vous-même, et le président sortant Moncef Marzouki...
M. Marzouki peut dire ce qu'il veut : il est évident que ce sont les voix d'Ennahdha qui l'ont propulsé au 2e tour... Si, par malheur, il accédait à la présidence, cela signifierait que c'est Ennahdha et son projet qui s'y installeraient... Et s'il y a une tâche majeure et urgente qui s'impose à tous ceux et celles qui sont attaché(e)s à une Tunisie civile et démocratique, c'est bien celle de tout faire pour empêcher qu'une telle catastrophe arrive, et pour que le peuple tunisien fasse, le 21 décembre 2014, en toute liberté et en toute responsabilité, le bon choix...
Je ne prétends pas parler au nom des militants et militantes de gauche de ce pays, mais je sais qu'un certain nombre d'entre eux et d'entre elles portent les mêmes préoccupations que moi...
Nous, qui avons activement contribué, comme des dizaines de milliers de citoyens et de citoyennes, il y a un peu plus d'un an, à «dégager» le gouvernement nahdhaoui, nous ne pouvons pas admettre de revoir les représentants de ce parti dans le prochain gouvernement de la République... On ne peut légitimement nous demander de contribuer activement à empêcher Ennahdha d'investir – par Marzouki interposé – le Palais de Carthage, si c'est pour retrouver, dans quelques jours ou quelques semaines, Ennahdha au Palais de la Kasbah, avec des membres de ce parti membres du gouvernement de la République...
Nous avons besoin d'être tranquillisés sur ce point... Il est nécessaire, pour assurer le succès de ce combat majeur qui va être tranché dimanche prochain, que les choses soient parfaitement claires et qu'aucune place ne soit laissée à l'ambiguïté... Le candidat Caid Essebsi ne doit laisser aucune place au doute... Une partie respectable des électeurs et électrices, qui vont se prononcer dimanche prochain, ont besoin que leur candidat lui-même affirme avec force qu'il n'y aura aucun membre d'Ennahdha dans le prochain gouvernement de la République...
Pour remporter la victoire contre les ténèbres, nous tous et toutes, avons besoin de faire les efforts exigés... C'est dans la clarté et dans la nette démarcation avec le parti de l'obscurantisme et de la régression que nous assurerons la victoire des forces porteuses et garantes de la Tunisie civile et démocratique, ancrée dans la modernité et, sans jamais renier son identité tunisienne, constamment ouverte sur le progrès et sur le monde
{flike}