La situation provisoire a miné le moral des Tunisiens. Après la fin de l'Assemblée nationale constituante (ANC), voilà la fin de la présidence provisoire ! Ouf !
Par Rachid Barnat
Enfin, la transition démocratique s'achève. Le divin enfant est né malgré toutes les difficultés et toutes les forces antirévolutionnaires qui ne voulaient pas de démocratie en Tunisie.
Les Tunisiens ont eu le grand mérite de résister et de déjouer, tout seuls et par leurs seuls moyens et à mains nues, tous les complots et tous les stratagèmes des forces contraires que sont les Etats-Unis (EU) et l'Union européenne (UE), réputés pays démocratiques, mais aussi le Qatar, célèbre par son «régimes démocratique»!
Le mérite revient à une société civile de qualité et surtout aux «hrayers tounes», les femmes tunisiennes émancipées qui ont lutté aux premiers rangs et auxquelles les Tunisiens doivent beaucoup.
Le jour le plus long
Le 21 décembre 2014 est le jour le plus court dans le calendrier grégorien, mais il aura été le plus long pour les Tunisiens dans l'attente de savoir sur quel pied danser : Béji Caïd Essebsi (BCE) ou Moncef Marzouki? Puisque le zélé Chafik Sarsar, président de l'Instance des élections (isie), a différé la proclmation des résultats définitifs au lendemain, pour intégrer les bulletins du dernier bureau au fin fond du monde et qui n'a pas encore fermé ses portes !
Trois longues et pénibles années se terminent avec le «dégagement», on ne peut plus légal, du président provisoire que les Tunisiens découvrent plus islamiste encore que Rached Ghannouchi, le président d'Ennahdha!
Enfin, c'est la première fois en Tunisie que les Tunisiens élisent directement leur président de manière libre et démocratique. Fait historique puisqu'il constitue une première même dans le monde arabo musulman.
BCE est donné gagnant, en attendant la proclamation de résultats définitifs par l'Isie, avec un grand ou un petit écart, peu importe. L'essentiel est d'avoir dégagé du pouvoir M. Marzouki, le crypto-islamiste, après avoir dégagé les Frères musulmans d'Ennahdha.
Au final, ce sont les Tunisiens qui ont gagné d'avoir, malgré tous les obstacles, réussi à terminer leur processus démocratique sans trop d'encombres, comparés à d'autres peuples de la région où les bains de sang sont quasi quotidiens... Puisque tel Sisyphe, ils ont défendu leur acquis un à un.
Tout compte fait, ce sont les Tunisiens qui ont sauvé leur révolution. C'est une chance que ce peuple ait déclenché une révolution dont aucun parti ne puisse en revendiquer la paternité.
Un peuple qui choisit l'avenir.
La revanche de Bourguiba
L'autre chance de ce peuple est d'être imprégné par le bourguibisme et ce qui le fonde : le nationalisme. Si le peuple tunisien semblait désorienté par les événements depuis le 11 janvier 2011 et tiraillé entre tous les courants politiques et toutes les idéologies qui les fondent, des plus farfelues aux plus dangereuses, son intelligence bourguibienne l'a sauvé de l'errance... puisqu'au final, il revient à ses fondamentaux.
Bourguiba disait: «Je suis optimiste, je crois que j'ai fait quelque chose de solide qui tiendra, après moi». Ce que les Tunisiens ont confirmé à 3 reprises: aux élections législatives et lors des 2 tours de la présidentielle.
Maintenant que la Tunisie a achevé sa transition démocratique, il lui reste à faire grandir le nouveau-né. Pour cela les Tunisiens et la société civile doivent rester vigilants pour que leur jeune démocratie évolue bien.
A titre personnel, je dédie cette victoire à mon père feu Haj Boubaker Barnat, qui a rêvé, milité et sacrifié sa jeunesse pour voir un jour son pays accéder à la démocratie, mais aussi à tous ceux qui nous ont quittés trop tôt et qui n'auront pas cette joie de voir leur pays enfin accéder à la démocratie.
Une pensée particulière à Abdelwahab Meddeb qui a lutté bec et ongle contre l'obscurantisme que les défenseurs de la démocratie que sont les EU, l'UE et les pétromonarchies voulaient voir se diffuser en Tunisie... au nom de la démocratie !
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