Au moment où des Tunisiens et des touristes se font tuer comme des lapins, des corporations se lèvent pour fomenter des grèves dans plusieurs secteurs!
Par Mohamed Rebai*
Après tant d'années d'efforts en matière d'enseignement et d'éducation, il est malheureux de constater que l'ascension sociale n'est plus garantie par le nombre d'années passées en milieu scolaire ou universitaire mais plutôt par le nombre d'années passées en exil ou en prison!
L'oeuvre sournoise de la «troïka»
Depuis quatre ans la Tunisie a été déstabilisée par une troïka «extra-muros» connue de tous (Qatar, Turquie, Arabie saoudite, Ndlr), pillée par une autre troïka «intra-muros» (la coalition gouvernementale dominée par le parti islamiste Ennahdha, Ndlr) qui a laissé s'installer le terrorisme, la corruption et la contrebande au point que les dégâts engendrés dépassent de loin ceux provoqués par le clan Ben Ali-Trabelsi.
Tout ce que les dirigeants de cette «troïka» ont entrepris s'est révélé une catastrophe, toujours le pire. C'est l'«Absurdustan». Rien n'est cohérent. Ils n'ont pratiqué qu'une politique timorée pour diviser le pays. Même avec l'apparition d'un nouveau gouvernement élu aux suffrages universels, les séquelles difficiles à relever vont rester pour une génération entière.
Une haine intense s'est installée chez-nous. La peur est si profondément ancrée en nous-mêmes qu'elle déforme les réactions, c'est effrayant. La rapidité d'introduction et d'infiltration de la mafia dans tous les rouages de l'Etat est fascinante.
On nous avance tout le temps des arguments misérables et sots. Tous les camps ou presque étant «morveux». Le travail est généralement bâclé et on n'ose plus s'en excuser ni même redresser la barre. Enormément de saloperies colportées étant d'un haut niveau. On nous fait des promesses puis expliquer qu'elles sont impossibles à tenir. Dans ces moments nauséabonds on ne hausse plus les épaules puisque se multiplient les affaires terroristes qui nous compliquent la vie.
D'un côté, on dit que les caisses sont vides. D'un autre côté, le Premier ministre vient d'annoncer, le 16 mars 2015, la mise en application imminente des accords d'augmentation de salaires signées avec l'UGTT (au nombre de 17) sans expliquer ni les sources ni le montant et l'impact sur l'économie du pays. Il a aussi annoncé le démarrage des négociations sociales, dans le cadre des augmentations salariales du secteur public pour l'année 2014, enfin, la préparation des négociations sociales pour les deux ou trois années à venir. Je n'en reviens pas. Je suis resté ébahi et stupéfait.
En attendant le «crash» financier
Bref, je suis profondément déçu par tout ce qui est arrivé à mon pays depuis quatre ans et je dois tout bonnement décider si j'ai encore envie d'en faire partie. Je broie du noir je suis terriblement déprimé et accablé par ce qui s'est passé, hier, au musée du Bardo où 22 personnes, dont 17 touristes étrangers, ont trouvé la mort et plus de 40 blessés, en majorité des touristes étrangers.
Ces victimes sont venues voir le patrimoine culturel tunisien. Ils ont trouvé une mort gratuite et insolente à nos portes. C'est honteux, faire disparaitre des touristes en croisière mais aussi des écoliers tunisiens et étrangers en vacances. Cela ne s'oubliera pas de sitôt. Dans peu de temps, on saura plus sur le ou les terroristes capturés qui vont tout révéler aux flics.
Je ne demande pas comment ils se sont procurés des armes automatiques, mais comment ils sont arrivés à contourner la vigilance des agents de sécurité, d'autant plus que le même bâtiment abrite l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) apparemment dépourvu de caméras de surveillance.
L'enquête déterminera les responsabilités et les négligences grossières car on ne badine plus avec le terrorisme qui gagne du terrain pour atteindre la capitale du pays la veille de la fête de l'indépendance.
Ainsi, le tourisme, qui représente 7% du PIB, emploie près de 12% de la population active (400.000 personnes) et couvre 55% du déficit commercial, déjà fragilisé par la révolution (fermeture de 15 à 20 hôtels et la perte d'environ 3.000 emplois directs) connaitra de très sérieux problèmes endémiques. De toutes les manières, 2014 c'est cuit, aucune chance pour se rattraper. Déjà les journaux étrangers se mettent à titrer à l'instar de ''Libération'' qui lance la manchette sournoise et débile sur son site web: «C'est fini la Tunisie, c'est fini le tourisme» (avant de se rattraper et de changer honteusement le titre).
Les investissements directs étrangers estimés à plus de 900 millions d'euros en 2013, soit un quart de moins qu'en 2012 et un cinquième de moins qu'en 2010, année de référence, vont se réduire à une portion congrue.
Je suis indigné et profondément choqué qu'au même moment des Tunisiens et des touristes se font tuer comme des lapins, des corporations entières se lèvent pour fomenter des grèves sauvages dans plusieurs secteurs.
Continuez, vous êtes sur la bonne voie! Vous allez bientôt vous faire hara-kiri comme tout le monde si un jour le gouvernement fera un «crash» financier.
Je n'ai d'autres choix que de réagir par le sarcasme et la colère. Ma colère est permanente contre cette société que je n'arrive plus à comprendre, mais je suis persuadé d'une chose, c'est que le rêve du tunisien est à reconstruire. Excusez mon coup de gueule!
Par contre, j'ai une énorme compassion et admiration pour la rapidité d'intervention de l'armée, de la police et de la gendarmerie.
* Economiste.
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