Saurons-nous relever dignement et à temps le défi lancé par les terroristes qui se sont attaqués, à travers le musée du Bardo, à notre civilisation, nos valeurs et notre économie?
Par Mohamed Ridha Bouguerra*
En s'attaquant au musée du Bardo, les terroristes ont voulu porter atteinte à notre mémoire commune: à nos racines puniques, carthaginoises, romaines, byzantines, chrétiennes, andalouses, juives, arabo-musulmanes et méditerranéennes !
En s'attaquant au musée du Bardo et à de paisibles touristes qui avaient confiance en l'État tunisien, garant de leur sécurité sur notre sol, les terroristes ont voulu mettre à genoux l'ensemble de notre économie et le gagne-pain de plus de deux millions de nos concitoyens !
En s'attaquant au musée du Bardo, les terroristes visaient, en même temps, l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) voisine, l'une des trois institutions sur lesquelles repose la IIe République ainsi que tout le système démocratique mis en place par la nouvelle Constitution du 26 janvier 2014!
Union sacrée et mobilisation générale
En s'attaquant au musée du Bardo, les terroristes cherchaient à porter mortellement atteinte au moral de tous les Tunisiens épris de liberté et de démocratie et ils avaient pour objectif de nous toucher dans notre fierté d'avoir réalisé une révolution pacifique et d'être une exception dans un monde arabe dangereusement secoué par des luttes fratricides attisées par des mains étrangères!
En s'attaquant au musée du Bardo, les terroristes ont, bien au contraire, créé, sans s'en douter le moins du monde, un salutaire électrochoc dans l'opinion publique tunisienne, consciente, aujourd'hui plus que jamais, d'une indispensable union sacrée autour du gouvernement et des institutions républicaines !
En s'attaquant au musée du Bardo, les terroristes ont, bien malgré eux et inconsciemment, mis les Tunisiens face à eux-mêmes et à leur commune responsabilité dans la guerre sans merci que nous livrent d'obscurantistes et rétrogrades forces occultes !
En s'attaquant au musée du Bardo, les terroristes ont, en quelque sorte, poussé le peuple tunisien à une urgente et nécessaire mobilisation générale car il y a aujourd'hui, ce 18 mars 2015, péril en la demeure et car nous vivons un grave tournant qui fait de l'engagement de tous une question de vie ou de mort !
En s'attaquant au musée du Bardo, les terroristes nous remettent en mémoire le coupable laxisme dont les dirigeants de la Troïka (l'ex-coalition gouvernementale conduite par le parti islamiste Ennahdha, Ndlr) ont fait preuve lors d'inquiétants événements comme l'attaque de l'ambassade américaine en septembre 2013, les assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, la fuite d'Abou Iyadh de la mosquée El-Fath en plein Tunis ou, encore, «la pratique du sport» au Mont Chaambi par de futurs jihadistes!
En s'attaquant au musée du Bardo, les terroristes devraient amener certains dirigeants et hommes politiques des trois dernières années à faire leur examen de conscience et à demander pardon au peuple tunisien et aux nombreuses familles de martyrs parmi nos forces de l'ordre et soldats pour avoir, disons, méconnu la gravité de la menace terroriste !
En s'attaquant au musée du Bardo, les terroristes exigent des Tunisiens de relever le défi qu'ils leur lancent, non seulement sur le plan sécuritaire mais, également, sur les plans économique et social !
Accepter de douloureux sacrifices
En s'attaquant au musée du Bardo, les terroristes devraient amener tout un chacun parmi nous à redoubler d'effort et à porter sa modeste contribution afin de contrecarrer le plan diabolique qui vise notre société en mettant à mal sa viabilité même ainsi que son potentiel économique !
En s'attaquant au musée du Bardo, les terroristes nous somment, si l'on peut dire, de mettre, momentanément, entre parenthèses nos différences, nos divergences et nos revendications aussi légitimes et justifiées soient-elles car risquant de porter dangereusement atteinte à la sécurité de l'État!
En s'attaquant au musée du Bardo, les terroristes nous obligent à accepter de douloureux sacrifices matériels et à nous acquitter honnêtement de nos devoirs envers l'État au moment même où nos forces de sécurité et nos soldats exposent leur vie et payent avec courage l'impôt du sang!
«Dans les sociétés comme pour les hommes il n'y a pas de croissance sans défi», a dit un homme politique français. Aujourd'hui, ce défi lancé à l'État, aux yeux de tous les Tunisiennes et Tunisiens porte un nom, c'est terrorisme, le terrorisme meurtrier qui a lâchement visé le musée du Bardo, de pacifiques touristes amoureux de notre pays et de sa civilisation millénaire, l'économie nationale et la société tunisienne dans son ensemble ainsi que le modèle d'ouverture et de tolérance qui lui est mondialement reconnu!
Saurons-nous relever dignement et à temps ce défi? Il y va de l'image et de la vie même de la Tunisie comme un État souverain !
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