Quand demanderons-nous des comptes au parti Ennahdha, qui a laissé prospérer sinon alimenté l'extrémisme religieux en Tunisie et, son corollaire, le terrorisme?
Par Raouf Dakhlaoui*
C'est très bien de dénoncer le terrorisme, d'affirmer qu'il ne passera pas, de le traiter de lâche, de crier bien fort que nous le vaincrons et autres slogans de ce type.
Mais qui est ce fameux terrorisme? Par qui est-il représenté? Qui l'a protégé? Qui l'a justifié? Il ne sera pas possible de le vaincre si l'on n'a pas répondu à ces questions.
La réponse est pourtant claire, limpide, évidente. Pourquoi n'osons-nous pas la donner, l'affirmer, l'assumer? De quoi avons-nous peur?
Depuis l'attentat au musée du Bardo, le 18 mars 2015, qui a fait 23 mort et 47 blessés, en majorité des touristes étrangers, les slogans ne cessent d'affirmer que les terroristes ne font pas peur et qu'ils seront combattus et vaincus. Mais personne ne dit qui ils sont.
Quand, donc, prendrons-nous notre courage à deux mains pour accuser le parti des Frères musulmans, celui des Ghannouchi, Bhiri, Ellouze et autres Larayedh et Mourou, le parti Ennahdha, d'avoir, par laxisme, calcul politique ou complicité tacite, losqu'il conduisait le gouvernement (décembre 2011-janvier 2014), laissé prospérer sinon alimenté l'extrémisme religieux en Tunisie et, son corollaire, le terrorisme? Quand donc demanderons-nous des comptes à ce parti et à ses dirigeants qui ont fait tant de mal à notre pays?
La lutte contre le terrorisme ne peut pas se faire uniquement en combattant les petits exécutants, endoctrinés et espérant avoir leur récompense au paradis avec les 70 vierges ou plus (les chiffres varient selon l'offre et la demande). Il faudrait frapper plus haut et toucher la tête de la pieuvre intégriste. Chez nous, cette pieuvre est représentée par le parti Ennahdha. C'est ce parti qu'il est urgent de dénoncer et de déterminer la responsabilité dans la montée du terrorisme dans notre pays. C'est une question de survie de notre pays.
Le président de la république est connu pour son sentiment national et son attachement profond à la patrie. Nous fera-t-il douter de cela? S'il n'use pas de son influence pour pousser le gouvernement à prendre des mesures radicales contre les «vrais» terroristes, il sera légitime de se poser des questions et de remettre en question les qualités que nous lui prêtions.
* Libraire.
Illustration : Abou Iyadh (Ansar Charia), Rached Ghannouchi (Ennahdha) et Abdelhakim Belhaj (Fajr Libya).
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