Et si Daêch, Boko Haram, Al-Qaida étaient des produits de l'industrie du crime organisé financée et entretenue par Wall Street et les pétrodollars?
Par Monia Sanekli*
Le raccourci du siècle contemporain de la substitution de la guerre par une certaine forme de criminalité chaotique plus efficace et moins couteuse, plus infaillible et plus opérationnelle a fait jaillir le terrorisme comme la stratégie politique du siècle.
On ne fera plus de guerre, le terrorisme est plus approprié et plus judicieux et plus juteux, ce qui fait du terrorisme une machine de guerre géopolitique.
Comment comprendre cette substitution?
Le terrorisme, au-delà de la brutalité de sa réalité physique, se dévoile aussi comme une réalité invisible qui s'apparente à un concept, une formule, une équation. Il ne se concrétise ni dans un mouvement, ni dans une organisation, ni dans une association ou un parti, mais il se dévoile souvent comme une stratégie de guerre infaillible où les vrais protagonistes sont souvent invisibles et les enjeux dissimulés.
C'est le fait de l'adopter qui fait de lui une option politique, ce qui nous renseigne sur sa fonction comme un choix politique international.
Le propre du terrorisme c'est l'absence du vis-à-vis de guerre.
Une guerre se fait entre deux forces prétendument égales, par contre le terrorisme est une criminalité chaotique et primaire élevée au rang de guerre légitime.
A ce caractère de criminalité primitive s'ajoute son attraction paradoxale, le visible invisible, le déclaré dissimulé. C'est une réalité visible par ses effets, invisible de par ses vrais acteurs, ses ficelles et ses protagonistes. C'est une guerre déclarée aux objectifs dissimulés.
C'est de cette figure double du terrorisme que l'agir terroriste détient son efficacité et son implantation dans le monde comme stratégie de guerre géopolitique.
Personne ne sait qui, quand, comment et pourquoi, une guerre de chaos très développée de par ses moyens, très primitive de par sa nature, très ciblante de par ses effets. Une barbarie modernisée, qui dissout toutes les contradictions jusqu'à la réduction et, en cela même, elle touche et désagrège le plus profond de l'homme, en réduisant :
- le passée au présent;
- l'ancien au nouveau;
- le barbare au moderne;
- le visible à l'invisible;
- le démonstratif au dissimulé;
- la vie à la mort;
-la force à la destruction
- le rythme au chaos...
Ceci nous donne le spectacle politique le plus hilarant et le discours le plus théâtral et le plus emphatique de protagonistes prêchant la paix et faisant la guerre, prônant la liberté, installant l'obscurantisme, annonçant la démocratie et finançant la «charia», produisant le terrorisme et déclarant la guerre contre le terrorisme.
Le terrorisme est, en fait, la guerre la plus puissante, la plus cynique, la plus cruelle et la plus efficace de part le caractère double et paradoxal de sa nature et de ses protagonistes et de part leur capacité à manipuler les âmes et les esprits par la confusion des contradictions et des valeurs et l'altération des repères, c'est le crime parfait.
Le terrorisme est une nouvelle formule de guerre et une stratégie politique de forces actives pour dominer «l'universel» par la criminalité chaotique universelle et la sélection naturelle.
Plaque commémorative à lamémoire des 22 morts de l'attentat terroriste du musée du Bardo, le 18 mars 2015.
Que cette criminalité chaotique universelle soit islamiste n'est qu'un choix historique et par défaut, car ce ne sont pas les Etats musulmans qui détiennent le contrôle absolu mais c'est parce que les terres arabo-musulmanes sont la cible et le grand enjeu et la politique du chaos devrait être engendrée par une discorde intestinale. Rien n'est plus mortel pour un corps que le chaos de son système immunitaire. Le terrorisme, bien que puisé dans les textes de l'islam, est une attaque au système immunitaire des pays musulmans. (Mahomet n'avait pas pour ennemi la puissance des us et la ruse des Européens, il combattait des faibles et des illettrés).
Ainsi, le terrorisme n'implique surtout pas le poseur de bombe, ni celui qui s'éclate en morceaux, non plus celui qui organise une attaque armée, ou celui qui fait les horreurs du jihad. L'islamisme étant une marionnette des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne.
Ceux-là ne sont que des ouvriers et des employés payés à l'heure et au mois. Les terroristes exécuteurs ne sont souvent que des proies et des victimes. Ils sont recrutés pour leur potentiel de criminalité.
Les terroristes ne sont pas des opposants; ils n'agissent ni contre le pouvoir ni pour destituer le pouvoir. Leur tâche se résume à semer la terreur, la peur, afin qu'il y ait une atmosphère de fléchissement général, une obéissance et une acceptation des faits et du fatal. C'est un exercice d'abrutissement général par la peur et la terreur, ce qui est le but et la fin de toute politique d'Etat.
Le terrorisme s'insère dans la criminalité la plus atroce où le but et la fin se résument à la pure jouissance de la puissance à causer la peur et de la terreur mêlées à la jouissance de la cruauté brute et le plaisir du mal affligé à autrui, le plaisir de terrifier, humilier, mépriser afin de subjuguer et jouer le rôle de stabilisateur social après des Etats et des puissances qui financent, et en cela même, il est un message universel des puissants protagonistes ainsi que tous les Etats au pouvoir à la multitude individualisée du monde, d'où l'insistance à le montrer en vidéo et en image et l'impunité locale et mondiale qui s'ensuit.
Derrière le spectacle de l'horreur et de la terreur du terrorisme se dissimule une panoplie de forces et de puissances, des réalisateurs et de vrais concepteurs, des monnayeurs, des objectifs et de fins ultimes bien dissimulés, des stratèges et une dynamique de forces très actives et très influentes.
Le terrorisme est une guerre géopolitique qui se transforme imperceptiblement et peu-à-peu en une politique d'Etat et une stratégie politique de l'exercice du pouvoir qui incorpore la démocratie à la dictature, les droits de l'homme au terrorisme pour bénéficier du maximum d'intérêts des deux régimes politiques sans être ni l'un ni l'autre, d'où les révolutions arabes programmées par une apparence de démocratie pour installer la théocratie islamiste et le terrorisme.
Les facteurs socioéconomiques sont à bannir dans toute élucidation du terrorisme car cette piste est une éternelle justification qui n'explique pas autant qu'elle contribue à noyer le vrai problème qui est beaucoup plus fondamental en ce que le crime comme instrument politique a toujours existé depuis les ères les plus anciennes et les plus lointaines jusqu'à nos jours.
Le crime est une pulsion basique et un instinct de guerre primaire chez l'homme, une composante fondamentale de l'homme quel que soit son environnement social ou économique.
Les plus grands crimes et les plus grands criminels ont existé dans des sociétés évolués et même très instruits et très riches et beaucoup ne sont pas nécessairement issus d'un environnement pauvre ou non instruit, c'est une affabulation que de cantonner le terrorisme dans des causes sociales, une diversion de plus en plus inutile. Ben Laden est parmi les hommes les plus riches du monde.
Les USA, l'Europe, le FMI, l'UE, Wall Street, le Qatar, les Emirats, l'Arabie Saoudite, sont tous impliqués en étant des protagonistes, à des degrés différents et pour des intérêts différents et conflictuels. Ils règlent leurs comptes et gèrent leurs conflits et leur guerre via le terrorisme en tant que crimes organisés et, comme tout crime organisé, ils supposent un commerce très juteux et une négociation à bénéfices et intérêts.
L'Etat islamique (Daêch), Boko Haram, Al-Qaida et autres projets à venir ne sont que des produits de l'industrie du crime organisé, financée et entretenue par Wall Street et les pétrodollars.
Le terrorisme est la stratégie politique du nouvel ordre mondial où les plus puissants du monde gèrent les moins puissants via la manipulation du crime organisé comme machine de guerre et moyen d'assujettissement et d'intimidation.**
* Professeur de philosophie.
** Les trois citations de F. Nietzsche reproduites ci-dessous résument la politique du siècle postmoderne: la puissance, l'islam et la globalisation US.
- «Vivre c'est, essentiellement, dépouiller, blesser, subjuguer l'étranger et le faible, l'opprimer, lui imposer durement nos propres formes, l'incorporer et au moins l'exploiter». (''Par-delà le bien et le mal'').
- «Le christianisme nous a frustrés de l'héritage du génie antique, il nous a frustrés plus tard de l'héritage de l'islam. La merveilleuse civilisation maure de l'espagne, plus voisine en somme de nos sens et de nos goût que l'Europe et la Grèce, cette civilisation fut foulée aux pieds». (''Anté Christ'').
«Danger effroyable que la politique d'affaires américaine et la civilisation inconsistante des intellectuels viennent à s'unir» (''Volonté de puissance'').
{flike}