Le bureau régional de Nidaa Tounes à Sousse est capté par la puissance financière, adossée aujourd'hui à un pouvoir législatif.
Par Hédia Yakhlef*
Nous apprenons par ouï-dire qu'une réunion d'un conseil régional de Nidaa Tounes Sousse s'est tenue le vendredi 24 avril 2015 à l'hôtel Tour Khalaf, sous le «patronage» des députés de la région, Hamdi Guezguez, Fayçal Khalifa et Zohra Dris.
Nous ne pourrons ici ne pas nous interroger sur la forme, le contenu et les organisateurs de cette manifestation.
Que cela soit un absentéiste notoire aux commissions parlementaires qui organise cette réunion, ou que cela soit la dame patronnesse des lieux qui assure la logistique (Zohra Driss, Ndlr), pose en soi un problème!
Que signifie ce rassemblement dans un lieu privé qui vise à contrôler et à filtrer les présents? Qui a le droit d' y entrer? Et qui est convié à y assister? Certainement pas tout le monde.
Le tri est fait pour ne laisser passer à cet «ESPACE PRIVE» que ceux dont on désire la présence. Ceux qu'on a adoubés parce qu'ils sont «NÔTRES», déjà acquis, non par conviction, mais par intérêt bien calculé.
Le bureau régional de Nidaa Tounes à Sousse, comme nous le montre cette réunion, vit un problème profond. Il est capté par la puissance financière, aujourd'hui doublée par un pouvoir désormais législatif aussi.
Que les députés soient présents, qu'ils soient actifs, qu'ils soient là pour relayer les demandes, les revendications et les conceptions des adhérents et des responsables régionaux du parti, quoi de plus naturel, mais qu'ils organisent le putsch pour s'emparer des leviers d'un bureau régional afin de le mettre à leur service et au service de leurs affidés, pose une vraie question qui doit nécessairement trouver une réponse.
Si nous ne contestons pas la représentativité de ces députés, si nous nous inclinons devant les élections et leurs résultats, nous continuerons à nous interroger sur le pouvoir qu'assurent l'argent et les capitaux à certains pour asseoir leur domination, leur pouvoir et leur choix.
Tenir des réunions dans des lieux privés dont on interdit l'accès aux «indésirables», mettre du fric pour s'assurer la bienveillance des présents, c'est tout simplement organiser un putsch grâce aux «MOYENS» qu'on possède.
Nous ne cesserons de l'affirmer et de le réclamer: le financement des activités des structures du parti doit être institutionnalisé, doit être identifié, et doit s'effectuer dans la transparence. Un bureau régional n'est ni une chasse-gardée, ni une ferme privée, mais une structure qui appartient à ceux qui l'ont fondée, à ceux qui y ont adhéré, à ceux qui y ont milité et continuent à le faire.
Le rôle de l'argent doit être clarifié dans le fonctionnement de notre parti. L'argent, quel qu'il soit en billets frais ou en prestation de service d'aisance et de confort.
Le parti doit se pencher d'urgence sur ces problèmes qu'illustre parfaitement le bureau de Sousse :
- revoir le mode de financement;
- clarifier les structures;
- distinguer les fonctions.
Si on cherche la pérennité du parti, c'est là les questions primordiales à traiter, à moins qu'on veuille l'enterrer dans des formes et des modalités qui nous rappellent les vieux jours d'antan.
* Membre du bureau régional Nidaa Tounes à Sousse.