habib selmi
Pour l’écrivain tunisien résident à Paris, la Tunisie sera la première démocratie dans le monde arabe, même si le chemin est encore long pour que la Tunisie devienne un vrai pays démocratique.
Par Habib Selmi*


La «révolution du jasmin» en Tunisie (je préfère l’appeler «révolution de la dignité») est un événement sans précédent dans le monde arabe. Elle a surpris tout le monde y compris les hommes politiques de l’opposition et les intellectuels, preuve s’il en était besoin que l’élite est coupée du peuple surtout de celui des régions lointaines comme Sidi Bouzid ou Kasserine d’où est partie cette révolution.
Ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte, et peut être très prochainement en Libye et en Algérie prouve que les arabes, contrairement à tout ce que l’on dit dans les pays occidentaux avec une certitude teintée d’un peu d’arrogance, sont attachés profondément, eux aussi, à la liberté et à la démocratie.
Trois facteurs importants ont contribué, à mes yeux, à ce que la révolution en Tunisie soit possible. Le plus important est que la jeunesse tunisienne qui a déclenché cette révolution et qui s’est beaucoup sacrifiée (l’écrasante majorité des tués par la police et les milices armées de l’ancien régime sont des jeunes) pour la mener jusqu’au bout est éduquée et cultivée. La Tunisie est en effet le pays maghrébin où le taux d’alphabétisation est le plus élevé.
Le deuxième facteur est l’existence d’une vraie classe moyenne, contrairement à la majorité des pays arabes.
Quant au dernier facteur, il réside dans la place assez importante (en comparaison avec les autres pays arabes) qu’occupe la femme en Tunisie.
Je sais que le chemin est encore long pour que la Tunisie devienne un vrai pays démocratique, mais je suis plutôt optimiste, et comment peut-on ne pas l’être après tout ce que nous a montré ce petit pays?

* Habib Selmi est lun romancier tunisien résident en France, il est l’auteur de nombreux romans, dont quatre traduits en français : ‘‘Le mont des chèvres’’ (éd. Actes Sud, 1999), Les Amoureux de Bayya’’ (éd. Actes Sud, 2003), ‘‘La Nuit de l'étranger’’ (éd. Actes Sud, 2008), ‘‘Les humeurs de Marie-Claire’’ (d. Actes Sud, 2011).