Il y a un peu plus d’un an, la secrétaire d’État Hillary Clinton plaidait pour un engagement mondial envers la liberté d’Internet. Fondée sur le cadre des droits de l’homme universels, la liberté d’Internet – ou la liberté de connexion, pour citer Mme Clinton – applique au cyberespace les libertés de réunion, d’expression et d’association.
Aujourd’hui, au vu des événements à travers le monde, cet engagement s’avère plus important que jamais. En préservant ces droits dans l’ère numérique, nous préservons la promesse et la possibilité de l’Internet en tant que plateforme d’idées, d’innovation, de connexion et de croissance économique.
De Tunis à la place Tahrir
L’Internet est devenu la sphère publique du XXIe siècle – c’est la place publique du monde. L’activisme civique et pacifique témoigné à Tunis et plus tard à la place Tahrir au cours des dernières semaines s'observe avec une fréquence accrue sur l’Internet parallèlement et en coordination avec les rassemblements dans les rues.
Les gens à travers le monde entier se rassemblent chaque jour sur l’Internet pour se connecter, y glaner des nouvelles et des informations, y faire entendre leurs voix. Qu’elles se fassent en ligne ou en personne, ces communications font renaître des nouvelles dimensions des débats que nous avons eus depuis des siècles: la meilleure façon de gouverner, d’administrer la justice, d’être en quête de prospérité et de créer les conditions propices au progrès à long terme, tant à l’intérieur qu’en dehors des frontières.
Encouragée par l’ère numérique, la connectivité confère simplement une nouvelle urgence à la nécessité de concilier ces questions séculaires. Les choix que les gouvernements font aujourd’hui détermineront l’aspect que l’Internet revêtira demain, et ces mêmes choix ne sont pas faciles à faire.
Un réseau ouvert à l’innovation
L’expérience tunisienne nous a montré que la répression de l’expression libre d’opinion peut semer les graines de la révolution. Ceux qui étouffent la liberté d’Internet peuvent être en mesure de retenir le plein impact des aspirations de leur peuple pendant un certain temps, mais pas pour toujours.
Les pays doivent donc décider soit de permettre une ouverture d’Internet en prenant le risque que les libertés permises par ce réseau puissent mener vers une plus grande demande des droits politiques, soit de museler l’Internet, étouffer les libertés assurément soutenues par ce réseau risquant ainsi de mettre en péril tous les droits économiques et toutes les prestations sociales qui en découlent.
Les États-Unis continueront à promouvoir un réseau où les droits des individus à la sécurité sont protégés, mais aussi un réseau ouvert à l’innovation, interopérable à travers le monde entier, suffisamment sécurisé pour gagner la confiance des gens et suffisamment fiable pour soutenir leur travail.
* Gordon Gray est l'ambassadeur des Etats-Unis à Tunis.
* Les titres et intertitres sont de la rédaction.